Colette Halard, directrice générale de l’espace événements du Parc Floral de Paris vient de décider de faire valoir ses droits à la retraite. Elle accepte aujourd’hui de nous retracer les éléments clés de son riche parcours. Passionnant !
EW. Bonjour Colette Halard, après 13 années à la tête du Parc Floral de Paris, délégation à GL Events, vous mettez un point final à votre carrière professionnelle. Quelles en sont les grandes lignes ?
CH. J’ai démarré mon activité professionnelle dans le monde de la mode dans les années 70. J’ai travaillé pour des créateurs de renom et boutiques branchées. Cet univers a façonné mon appétence pour les accessoires, les produits, le design. C’est alors que j’ai rencontré Patrick Lecêtre qui avait en projet la création d’un salon professionnel cadeaux, branché et confidentiel : Moving Design.
J’ai positionné et développé ce salon qui, hasard du destin a vécu quelques-unes de ses premières sessions au Parc Floral de Paris où, de 18 participants la première année, nous l’avons développé jusqu’à 150 exposants triés sur le volet. Mon entrée dans les salons m’a permis ce transfert de la mode (habillement et accessoires) que j’aimais dans le monde de la maison. Lorsqu’il a fallu déménager le Moving à Paris Nord Villepinte, faute de place, il est devenu, le Salon Maison et Objet, ce qui lui a retiré sa sélectivité à l’époque mais en a fait un événement majeur de l’univers salons comme on sait.
EW. Avez-vous poursuivi avec la société Padco et Patrick Lecêtre ?
CH. Effectivement, avec la création du salon de la Franchise. L’idée était simple, à l’époque, de trouver le moyen de développer des enseignes de renom et rechercher des franchises pour création de réseaux. Pour trouver ces enseignes intéressantes, j’ai eu l’idée de me rapprocher des centres commerciaux. Mon premier contact avec Unibail, promoteur immobilier, est né de cette réflexion. Je leur ai exposé mon projet de salon.
Nous avons de concert créé le salon de la Franchise. Ce dernier perdure toujours aujourd’hui et est certainement l’une de mes plus belles réussites. Unibail m’a alors demandé d’organiser un salon financier, Investir et Placer, toujours avec Patrick Lecêtre, dans une période particulièrement propice aux placements grand public.
EW. Vos rapports avec Unibail sont devenus plus directs ensuite ?
CH. Oui, je suis passé à une autre dimension lorsqu’Unibail, en 1987, m’a ouvert ses portes en créant et me confiant la direction d’une nouvelle filiale, Espace et Création, pour laquelle j’avais mission de développer Investir et Placer, salon de l’Epargne pour le Particulier, et d’organiser un salon de l’immobilier professionnel ainsi qu’un autre salon de la sécurité pour le particulier. J’entrais dans un tout autre univers que la mode !
EW. Quand êtes-vous passé de l’autre côté de la barrière, vers les sites d’expo ?
CH. Le président d’Unibail de l’époque m’a dit qu’il souhaitait racheter un site d’expositions et rapidement l’opportunité s’est présentée avec l’Espace Champerret. En 1987, ce site sortait à peine de terre et n’avait pas de client. Moi qui ne savais qu’utiliser les sites en tant qu’organisatrice, j’ai tout improvisé, je me suis débrouillée, avec 3 personnes, avec rigueur et logique. Unibail m’a vraiment fait confiance.
Cela a très bien marché car l’Espace Champerret avait de gros atouts, notamment sa zone de chalandise à haut pouvoir d’achat permettant des opérations grand public. J’y ai aussi développé de façon cohérente des salons de recrutement et de formations. A mon départ en 2002, sur 110 manifestations, il y en avait 18 par an !
EW. Le Carrousel du Louvre est venu ensuite ?
CH. En 1997, Unibail a eu l’opportunité de reprendre une partie du patrimoine Vivendi, le CNIT et le Carrousel du Louvre. Renaud Hamaide a pris la direction du CNIT et naturellement, la direction du Carrousel du Louvre m’a été confiée, tout en conservant celle de l’Espace Champerret ! J’y retrouvais le monde de la mode puisque nous y organisions des défilés. Le site étant très enterré, ça a été très compliqué pour moi de vivre en sous-sol pendant 2 ans et demi, ça ne me convenait pas.
Il y a eu ensuite l’OPA sur la Porte de Versailles qu’Unibail a remportée, toute l’organisation a été revue, et on m’a donné la direction du développement de tous les sites d’Unibail. C’était un beau challenge, mais je me suis vite rendu compte que les moyens n’étaient pas suffisants. Pour ces raisons, il était temps pour moi de partir.
EW. Où avez-vous alors rebondi ?
CH. Je connaissais GL Events, j’avais travaillé avec eux en tant que prestataires, et Olivier Ginon, le patron de GL, que je connaissais bien également, m’a fait plusieurs propositions. Je lui ai fait part de l’appel à candidature sur le Parc Floral de Paris. GL Events a candidaté et a emporté la délégation pour une période de 11 années. J’ai naturellement pris la direction générale du site, ce qui était amusant puisque je retrouvais un lieu dans lequel j’avais été organisatrice à mes débuts.
EW. Qu’avez-vous apporté au site ?
CH. A mon arrivée en 2003, le Parc Floral était un site très poussiéreux, géré par une association, avec une vingtaine de salons seulement, en total décalage avec l’environnement. J’ai énormément travaillé l’image du lieu sur ses points forts, le site le plus vert de la capitale, un jardin botanique attenant de 35 ha… et j’ai communiqué et développé le site autour de cela. Cette image fonctionne encore aujourd’hui à merveille.
J’ai développé le portefeuille de manifestations de façon cohérente par rapport au site, en accueillant Marjolaine, Vivre Autrement, Pari Fermier… et des salons professionnels tournés vers la chaussure, les dentistes, les kinés… Il y a aujourd’hui à peu près 60 manifestations par an sur seulement 11.000 m². Chez GL Events, c’est sans doute le site qui rapporte le plus avec un modèle économique très intéressant.
L’avantage de cette taille humaine nous permet un accompagnement clients hors pair qu’on ne retrouve pas chez les loueurs d’espaces parisiens.
Je passe la main au moment où GL Events vient de signer une nouvelle délégation du site pour une durée de 16 ans. Le périmètre d’actions est élargi avec le site réceptif mitoyen, la Chênaie du Roy, qui sera relooké totalement par Jean-Michel Wilmotte et permettra d’augmenter l’offre de services avec des séminaires, des incentives et autres réceptions, pourquoi pas des mariages !
EW. Merci Colette Halard, pouvez-vous nous donner quelques mots de conclusion, les grands points de votre très intéressant parcours ?
CH. Ce qui est intéressant est que, quand on a été organisateur de salons comme moi, on a la connaissance des problématiques de nos clients lorsqu’on gère des sites. C’est ce qui m’a vraiment aidé à développer l’Espace Champerret.
Au Carrousel du Louvre j’ai connu le monde de l’événement, mais je me suis rappelé que je suis purement une personne de salons.
Ce qui a été important pour moi, c’est d’avoir fait prendre conscience à Unibail que la gestion des sites d’expositions était un métier complémentaire des bureaux et des commerce de leur cœur de métier.
J’ai enfin la satisfaction de confier à mon successeur un Parc Floral qui tourne très bien, avec beaucoup de récurrences.
Je pars heureuse de profiter de ma retraite même si je sais que je resterai évidemment en contact étroit avec le monde des salons qui fait partie de mon ADN.
Propos recueillis par Eric Watiez