La crise sanitaire, si elle pose de nombreuses questions sur l’avenir économique des salons, nous interroge aussi fortement sur ses conséquences en termes d’éco-responsabilité. La pandémie nous amène-t-elle à une réflexion plus profonde sur la manière d’organiser ou de participer à des événements ? Béatrice Eastham, fondatrice de Green Evénements et du OUAÏ, est engagée depuis une douzaine d’années aux côtés des organisateurs qui souhaitent rendre leurs événements plus responsables. C’est sous cet angle, qu’elle nous fait part de son analyse de la situation.
« En 2019, j’avais déjà noté une accélération de la prise de conscience éco-responsable au sein de la filière événementielle avant que ne surgisse la pandémie. En 2020, au-delà des premières questions vitales et de survie immédiate du type « pourrons-nous continuer à organiser des événements ? », les acteurs de la filière ont mis à profit cette période d’arrêt imposé pour réfléchir aux événements de demain. Cette longue parenthèse leur a aussi permis de se former, de prendre le temps de se poser les bonnes questions, notamment sur la RSE de leurs salons, congrès et événements. Aujourd’hui, alors que l’activité redémarre, on passe de la prise de conscience à la mise en oeuvre. »
La prise de conscience des professionnels de l’événement explique t-elle à elle seule de nouvelles pratiques plus responsables ?
Béatrice Eastham : Non, pour être tout à fait honnête, c’est une prise de conscience générale au sein de la société qui provoque la mise en actes concrets. Les grands donneurs d’ordres, qu’ils soient exposants ou commanditaires d’événements corporate sont obligés de mettre en place une stratégie de neutralité carbone à l’horizon 2030/2050. Ce sont leurs clients, leurs salariés, leurs actionnaires, l’image de leur entreprise qui leur imposent cela. Logiquement, quand à leur tour ils doivent sélectionner un prestataire, dans l’événementiel comme dans tout autre domaine, ils exigent à minima une mise en conformité avec les normes environnementales.
En quoi notre secteur est-il particulièrement exposé, et quelles réponses concrètes peuvent être apportées ?
Cette crise a soulevé beaucoup de questions essentielles sur le sens que nous donnions aux événements. La participation à un salon ne peut plus être considérée comme une « verrue » polluante et irresponsable dans la stratégie globale d’une entreprise. N’importe quel événement peut être « zéro carbone » ou « zéro déchet ». C’est une question d’engagement, de volonté, et on peut tendre vers ça dès aujourd’hui en prenant le sujet à bras le corps.
Des outils émergent pour aider les organisateurs à atteindre cet objectif de neutralité carbone : Green Evènements et SGS ont oeuvré à la mise en place d’un label prenant en compte le zéro déchet, la neutralité carbone et un impact social positif. Ce label LEAD (Label Evènement Ambition Durable) est en période de test jusqu’à début 2022, notamment sur le Salon des Maires mais aussi sur des événements corporate ou encore dans les centres commerciaux du groupe Unibail. Agir, c’est d’abord mesurer : dès le mois de novembre 2021, un outil de calcul de l’impact carbone des événements appelé CO2 Logic sera disponible à partir du site www.green-evenements.com.
Article publié dans le Guide des Salons de novembre 2021