Des talents de l’événementiel ont profité de la crise pour changer de vie. Si la période est actuellement compliquée pour beaucoup d’entreprises, Cécile Maillard, consultante en recrutement, experte du marché événementiel, considère que le secteur et ses entreprises possèdent des atouts, mais doivent évoluer.
Assiste-t-on à une réelle fuite des talents dans le secteur événementiel ? Si c’est le cas, à quoi cela est-il dû ?
Je vous confirme que nous assistons actuellement à une vraie fuite des talents. Je pense toutefois qu’elle n’est que temporaire. Pendant ces 18 mois de crise sanitaire et d’arrêt des événements, les salariés du secteur ont vécu, avec l’activité partielle voire l’absence totale d’activité, une période déconnectée de la réalité souvent contraignante, en termes d’investissement, d’énergie, de temps de travail, de pression… de l’organisation d’un événement. Et ça leur a plu ! N’oublions pas que les métiers de l’événementiel sont souvent considérés comme parmi les plus stressants. Certains ont aussi profité de ce temps pour déménager en région ou démarrer d’autres activités. D’autres, passionnés par le live, n’ont pas apprécié le développement de la dimension digitale des événements. Bref, les raisons sont nombreuses et très personnelles, mais l’exode des talents handicape clairement la reprise et le développement des acteurs de l’événementiel.
L’événementiel fait-il toujours rêver ? Quels sont les leviers pour attirer des candidats ?
D’abord, l’événementiel fait toujours rêver les publics. La reprise des événements, soutenue actuellement, en témoigne. Il suffit de voir la joie partagée quand des collaborateurs d’une entreprise, par exemple, se retrouvent physiquement. L’événementiel est un secteur d’activité porté par l’émotion. Initier de belles rencontres, créer des expériences exceptionnelles… , ce sont des objectifs motivants et qui portent du sens. Et ça restera un levier fort pour attirer les talents. Maintenant, les entreprises du secteur qui veulent embaucher doivent aussi comprendre qu’il y a d’autres facteurs d’attractivité : les conditions de travail, la rémunération (qui est en hausse actuellement), le projet de l’entreprise, son organisation et sa gouvernance, le leadership du dirigeant, sa politique et sa créativité RH…, des sujets qui n’étaient pas prioritaires jusque-là. Enfin, je crois que l’événementiel, au sens le plus large possible, ne pourra pas s’épargner de travailler son attractivité.
Pensez-vous qu’une politique de diversification de la filière est obligatoire, créant le besoin de nouvelles compétences ?
Je ne sais pas si une politique de diversification de la filière est nécessaire, mais dire que les crises vont continuer à faire évoluer les modèles économiques est un euphémisme. Qui dit nouveaux modèles, dit nouveaux profils, à l’évidence. L’expérience et le parcours client, les données et leur utilisation, la digitalisation et l’hybridation des formats, la RSE, le métavers… sont autant de sujets nouveaux et sérieux qui questionnent, donnent envie et nécessitent des compétences peu présentes actuellement dans le secteur. L’événementiel restera un métier d’offres, donc porté par l’innovation. Les entreprises qui s’engagent dans des stratégies innovantes restent attractives et captent de nouvelles compétences.
Que conseilleriez vous à une jeune qui veut se former aux métiers de l’événement : candidater dans un grand groupe, plus sécurisant, ou bien chez un indépendant pour plus de polyvalence ?
Quadra Executive Search intervient surtout sur la composition des équipes dirigeantes, donc davantage sur des profils séniors. Il est difficile pour moi d’avoir un avis circonstancié sur le sujet des jeunes talents. Intuitivement, je dirais que le secteur événementiel porte du sens et continue de récompenser le mérite et l’engagement. Et ce n’est pas négligeable pour cette génération. Je pense aussi qu’il est préférable de choisir un dirigeant, une vision, un charisme, plus que la sécurité de la taille d’une structure. Les profils juniors seront ainsi plus rapidement mis en situation de responsabilité. Je n’ai aucun doute sur le fait que la jeunesse d’aujourd’hui cherche avant tout à travailler son projet, à suivre ses envies, à mettre en avant sa singularité et surtout à choisir un boulot épanouissant pour elle et créateur de valeur pour le monde. En ce sens, l’organisation d’événement peut y répondre.
Quadra Consultants, conseil en recrutement depuis 27 ans, présents à Paris et Aix-en-Provence, membre de l’INAC (réseau mondial de chasseurs de tête) et comptant aujourd’hui une trentaine de collaborateurs, Quadra est devenu un cabinet de chasseurs de têtes de tout premier plan. Notamment membre de l’UNIMEV et grâce à sa vision des marchés et des acteurs, Quadra conseille dans la création d’équipes dirigeantes, les sites événementiels, touristiques, culturels, sportifs, les organisateurs et autres prestataires.
Diplômée de Neoma et après avoir travaillé pour Messe Berlin et assuré la promotion exposants, visiteurs et presse de l’ensemble des événements sur le marché français, Cécile Maillard a rejoint Quadra en 2009 pour y apporter son expertise du secteur événementiel. Elle anime aujourd’hui cette practice aux côtés de Jean Marie Leroy Président du cabinet.