Crise énergétique : vers une transition écologique des sites d’accueil

Crise énergétique : vers une transition écologique des sites d’accueil

En cette période hivernale, des mètres carrés à chauffer et à éclairer quand se tiennent les salons et les événements mais aussi à maintenir au quotidien. Même si certains bâtiments ont été pensés et construits dans une démarche développement durable avec des équipements moins énergivores, les gestionnaires de sites subissent également la hausse des prix de l’énergie. Comment les sites d’accueil gèrent la crise énergétique ? Quels sont les impacts directs ? Quelles solutions mettent-ils en œuvre pour réduire leur facture ? Quelle(s) stratégie(s) développent-ils pour aujourd’hui et demain ? Points de vue de Christophe Caillaud-Joos, Directeur Général de Strasbourg Events et Christophe Thomas, Directeur Exécutif exploitation des sites Viparis.

 

« À date, le phénomène qui nous impacte le plus est le prix de l’énergie. Nous nous sommes mobilisés pour baisser notre consommation et nous avons réussi à la baisser de 30 % par rapport à l’année dernière. C’est énorme, et le signe d’une très belle dynamique dans un contexte contraint. Nous avons installé des capteurs dans tous les bâtiments, notre directeur du bâtiment passe une heure et demie par jour à tout contrôler et toutes les équipes en interne jouent le jeu de la sobriété. Mais il est vrai que l’impact énergétique est celui qui nous prend le plus de temps et nous coûte le plus cher. A cela il faut bien sûr ajouter une inflation difficile à maitriser et à anticiper. Cette inconnue a un impact tout d’abord sur nos collaborateurs qui ont vu leur pouvoir d’achat baisser. Nous avons donc procédé à des augmentations de salaire en novembre.
Ensuite, l’inflation se répercute sur nos prix de vente ce qui n’est pas toujours bien accepté de nos clients. Nous faisons donc bien attention à ne pas tuer le marché.                             Concernant 2023, le business se tasse forcément un peu pour nous car nous n’avons plus les reports liés au Covid et l’on note un petit impact sur les déplacements, de l’ordre de 5 à 10 % de participants en moins. Donc l’année qui s’annonce risque d’être un peu complexe, avec la hausse des charges et de tous nos prestataires. Mais si je devais retenir un point positif à cette énième crise, ce serait la prise en compte globale de la question énergétique et de tout ce qu’il y a autour. Et je suis persuadé que les habitudes que nous sommes en train de prendre vont perdurer. C’est une très bonne nouvelle pour la transition écologique nécessaire de notre secteur. »

 

Comment Viparis aborde la question de l’énergie ? L’énergie est un sujet sur lequel Viparis travaille depuis plusieurs années. Nous avons commencé à nous préoccuper de l’amélioration de la consommation énergétique des sites à partir de 2014, avec le lancement d’un premier plan énergie en 2015. Nous avons obtenu une baisse d’un peu moins de 14 % de nos consommations sur la période 2015-2019 par m2 jour occupé (indicateur de référence). Nous avons déployé une stratégie qui repose sur 3 points. Le premier est la mise en place de process et d’actions en matière de comportements (interne, prestataires). Le deuxième concerne les petits gestes et les éléments de bon sens qui ont un effet immédiat comme l’installation d’un détecteur de présence. Le troisième point porte sur des investissements lourds pour les éclairages et des équipements de thermie moins énergivores sur différents sites dont Porte de Versailles (pavillons 1 et 6). Le coût d’investissement pour la thermie du Pavillon 1 (plus de 40 000 m2), a été de plus de 9 millions d’euros. Prochainement, nous allons tenter de livrer ce même équipement de thermie pour le nouveau hall 3 du Bourget. Néanmoins, avec plus de 600 000 m2 d’espace, nos investissements doivent être priorisés et pensés en fonction des possibilités propres à chacun des sites.

Avez-vous engagé un nouveau plan énergie ? Oui, nous avons lancé un 2e plan dont le schéma dire teur énergie nous amène à une baisse de -30 % en 2025 (ratio kilowatt par m2 occupé) par rapport à 2014 (année de référence). Par ailleurs, le décret tertiaire doit nous conduire à des baisses conséquentes, -40 % (ratio kilowatts par mètre carré) en 2030. Nous accélérons notre schéma directeur, nous étudions par exemple des solutions pour produire notre propre consommation talon sur certains sites : PNV et PCP. Notre démarche s’intègre dans une stratégie RSE sur le long terme.

Vous n’êtes pas épargné par la forte hausse du coût de l’énergie. Quelles en sont les conséquences ? En effet. L’énergie étant devenue un marché complexe, nous sommes accompagnés depuis quelques années, par le cabinet Pure Énergie pour faire nos achats dans les meilleures conditions possibles. Nous achetons notre électricité un an à l’avance et même parfois plus. Nous avions plutôt bien acheté 2022 heureusement ! Nous avons déjà acheté 2023 avec une hausse de l’ordre de 80 % sur le prix de la molécule de base et une partie de 2024. Nous allons passer de 135 e le mégawatt à 255 e en 2023. Pour faire face à cette augmentation, nous cherchons toujours à réaliser à des économies. En matière de facturation, nous sommes tenus de respecter des prix indicés qui sont publiés a posteriori. Nous avons absorbé toutes les hausses tarifaires de l’énergie 2022. Mais, à partir du 1er janvier 2023, nos tarifs énergie vont évoluer entre 10 et 15 % bien en-dessous du ratio d’achat. La partie énergie est dommageable pour nous, elle a également un impact bien sûr pour les organisateurs et les exposants.

Ressentez-vous cet impact sur votre activité ? Pour le moment (décembre 2022), nous n’avons pas d’impact en termes de tenue d’événements. Aujourd’hui, nos marchés sont plutôt liés à la reprise post-pandémie qu’au sujet de l’énergie et de l’inflation. Il y aura peut-être des conséquences sur le BtoC dans l’avenir avec des paniers moyens en baisse. Notre sujet est de faire de la pédagogie auprès de l’ensemble de la chaîne sur les comportements et les réflexes à adopter en matière, par exemple, d’éclairage des stands.

 

Article publié dans le numéro du Guide de Janvier 2023 – Deuxième partie du dossier « Inflation, une énième crise à surmonter pour le secteur ». Propos recueillis par Abigail Elher et Charlie Bronte.

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