David Puget, 45 ans, a fait son retour en Bretagne il y a 4 ans, à Quimper Evénements qui va ouvrir très prochainement son Espace Congrès en centre-ville. Survol d’un parcours riche et varié de 20 ans au service des salons.
Eric Watiez : Bonjour David, vous avez démarré votre carrière professionnelle au Parc d’Expo de Nantes. Vous voici aujourd’hui Directeur de Quimper Evénements. Ce retour géographique et de domaine d’activité ne doit pas masquer la richesse de votre parcours. Comment cela a-t-il commencé ?
David Puget : Bonjour Eric, je suis nantais d’origine. En 1996, après mes études de droit, je ressens la fibre commerciale et, dans le cadre d’une mission d’alternance, je suis recruté par le Parc des Expositions de Nantes.
Exponantes est à cette époque à la fois gestionnaire d’un site d’environ 25.000 m² couverts et organisateur d’une dizaine de salons en propre. Je collabore à la commercialisation du salon Serbotel (hôtellerie et restauration), à la Foire de Nantes, à des salons sur l’habitat, au lancement d’un salon nautique… Le directeur du Parc, Michel Douxami, est une personne de qualité qui me motive à continuer dans la filière.
EW. Au bout de deux ans d’apprentissage, vous quittez Exponantes. Pour quelles raisons ?
DP. Je ne quitte pas tout à fait Exponantes, j’en deviens le client en rejoignant le groupe Système U, partenaire du Parc, en tant que chef de projet. Le groupe organise régulièrement des événements professionnels internes sur le parc, dont un salon grand format de fournisseurs que je suis appelé à gérer. J’élargis donc mes compétences au-delà de l’aspect purement commercial. Il s’agit en effet d’une manifestation importante réservée aux adhérents du groupement sur plus de 20.000 m² et avec, à l’époque, un budget de près d’un million d’euros. Son originalité est la reconstitution d’un magasin grandeur nature pendant 3 jours à la Beaujoire, avec toutes les incidences logistiques que cela suppose, la gestion du froid par exemple. Le volet commercial, bien que présent, est ici atténué dans la mesure où tous les fournisseurs référencés sont fortement incités à participer… J’approfondis ma connaissance du monde des GMS et de l’agro-alimentaire, ce qui me sert encore aujourd’hui.
EW. Devenir client d’un site auquel on a précédemment collaboré impose-t-il certaines règles ?
DP. Cette situation incite à poser les bonnes limites et une correcte répartition des rôles entre l’organisateur, le site d’accueil et les prestataires. Elle conforte l’adoption d’une rigueur en terme relationnel, les amitiés ou ententes antérieures ne devant pas interférer sur les aspects commerciaux et la négociation.
Par ailleurs, bien connaître un site aide à gérer un événement particulièrement lourd. Lorsqu’on maîtrise ces aspects, une relation de confiance s’installe.
EW. Assez rapidement, vous quittez ensuite la Bretagne pour Paris…
DP. J’ai effectivement l’opportunité de rejoindre Miller Freeman (qui devient ensuite Reed Expositions) à Paris. J’ai attrapé le virus des salons et je recherche une expérience plus forte chez un gros organisateur. Je suis recruté pour m’occuper du volet commercial du salon Bijorhca. L’univers est totalement différent de ce que j’ai connu jusqu’à présent. Bijorhca est un grand salon international avec 40% d’exposants étrangers, c’est un salon business qui a des aspects plus glamour avec des connations de mode, tendances et une forte saisonalité avec deux éditions par an…
Le directeur de Bijorhca de l’époque, Pierre Capperon, me séduit et permet le développement du salon dans un environnement plutôt agréable au sein du professionnalisme très exigeant de Reed.
EW. Vous retrouvez donc une mission purement commerciale. N’avez-vous pas le désir d’élargir vos compétences ?
DP. Cela est vrai, mais à la suite de cette période exclusivement commerciale de Bijorhca dans un environnement très segmenté et transversal, j’ai l’opportunité de m’occuper du marketing du salon. C’est une mission plus complète puisque je prends en mains les plans media, l’animation des agents à l’étranger (Promosalons) pour l’organisation de la venue des acheteurs internationaux, les actions ciblées de marketing direct, les relations presse, le développement du web qui commence en ce début des années 2000… J’ai alors le sentiment d’évoluer et de devenir plus pertinent avec la maîtrise de nouveaux outils techniques et promotionnels.
EW. Que vous apporte encore l’expérience Miller Freeman / Reed ?
DP. L’intégration de Miller Freeman au sein de Reed provoque des synergies de groupe, ce dernier organisant des salons similaires à l’étranger. Il y a un vrai savoir-faire par rapport à d’autres organisations plus “artisanales “, un très conséquent management et reporting des équipes commerciales, ce qui peut d’ailleurs provoquer une concurrence interne entre les commerciaux. C’est particulièrement boostant. L’administration des ventes est aussi très structurée, une grande école de la rigueur.
N’ayant malheureusement pas ensuite d’opportunité particulière chez Reed, après 3 années, je cherche une direction de salons.
EW. Où trouvez-vous ce poste ?
DP. J’incorpore Comexpo (qui devient vite Comexposium) pour le salon professionnel Natexpo (ex Dietexpo) dans le service de Bertrand Laurent. A Comexposium, je découvre des univers « historiques » où des personnalités sont impliquées depuis longtemps. Je gère les éditions 2003 et 2005 de A à Z avec mon équipe de 5 personnes, et réussis à accompagner le repositionnement du salon dans un marché en croissance mais très concurrentiel, ainsi qu’à fédérer les professions. J’adhère également aux valeurs portées par ce salon, en faveur du développement durable et de la bio.
Parallèlement, je gère le salon de la Maquette dans une autre division de Comexposium. Le contexte est tout autre : grand public, distribution de détail en décroissance, objectifs de survie conduisant à la réduction drastique de la durée du salon avec maintien des tarifs des stands, problématiques d’équipe, modèle économique très particulier avec plus de la moitié des recettes engendrées par les visiteurs, une dernière édition à la Porte de Versailles avant étude du projet de déménagement au Bourget, etc. Malgré ces contraintes, l’organisation est très intéressante d’un point de vue technique, le montage de plusieurs aires d’animation dans le hall 1 de la porte de Versailles ; c’est très formateur.
EW. En 2006, vous changez de métier et saisissez l’opportunité de la certification des salons…
DP. Je deviens effectivement prestataire et créé, avec Valérie Quivogne, la société Expocert. Il y a alors l’opportunité de postuler à la prestation de certification, suite à la nouvelle réglementation ministérielle de comptage de données des événements. Nous établissons le dossier requis et obtenons l’agrément ministériel. C’est évidemment un petit marché sur lequel nous sommes peu de prestataires.
Mon intérêt personnel dans cette entreprise est d’élargir mon champ de vision sur l’ensemble des marchés de l’événementiel, les organisateurs, les sites d’accueil, les prestataires, les agences événementielles, et les différentes organisations économiques impliquées dans la filière salons et congrès …
EW. Comment fonctionnez-vous avec les organisateurs ? Qu’apportez-vous de différents par rapport aux autres intervenants de la certification ?
DP. Dès le début, nous mettons en place un outil en ligne, très accessible pour les clients. Les organisateurs d’événements peuvent ainsi renseigner immédiatement leurs données et télétransmettre les pièces justificatives. Je complète également l’offre par l’activité de chargé de sécurité. Je simplifie donc au maximum les démarches administratives pour l’organisateur.
J’abandonne vite l’idée de rencontrer l’organisateur au moment de son salon, il n’est en général pas disponible et n’a le plus souvent pas encore ses données chiffrées finalisées.
En juillet 2013, Expocert est le premier organisme à être accrédité par le Cofrac (Comité français d’accréditation), et donc habilité à intervenir dans le respect de la norme 17020 qui régit cette mission de contrôle et d’inspection.
Expocert intervient auprès de plus de 200 organisateurs.
EW. Après 7 années effectives à la tête d’Expocert, vous décidez de revenir aux sources…
DP. En 2013, tout en gardant un œil sur Expocert, je décide d’effectuer un profond tirage de bord dans l’ouest et postule à la direction de Quimper Evénements qui est alors en projet de structuration et d’extension. L’agglomération décide de lancer la rénovation complète du site existant, le Parc des Expositions, avec extension et nouveaux bâtiments et la rénovation d’un Centre des Congrès. Elle décide de confier, via une DSP, la gestion de ces outils en 2 étapes à une nouvelle structure sous forme de SEM. C’est Quimper Evénements. Les politiques locaux en charge sont très impliqués dans le développement de cet outil.
Le Parc des Expositions ouvre en février 2015 et nous ouvrons le Centre des Congrès, Chapeau Rouge, en janvier 2017.
EW. Que vous a apporté votre expérience initiale à Exponantes pour votre mission à Quimper ? Que vous apportent également vos missions précédentes d’organisateur ?
DP. Cela m’apporte énormément, notamment dans le relationnel entre les parcs de l’ouest. J’apprécie énormément Frédéric Jouet d’Exponantes, les conseils que l’on peut s’échanger, aussi avec d’autres personnes issues d’Exponantes et qui sont maintenant à Brestaim qui gère le Parc d’Expos de Penfeld ou l’Arena. Exponantes a un peu essaimé !
La mission de site demeure très opérationnelle et mes expériences d’organisateur m’incitent à la simplicité dans la façon de gérer et d’appréhender les organisateurs et prestataires sur place. Mon expérience de création d’entreprise m’a aussi beaucoup aidé pour mener à bien ce nouveau projet avec également la création de la structure, le recrutement et le développement commercial.
EW. La remise en route du Parc d’Expos est jeune, à quel rythme travaillez-vous ?
DP. Au-delà de la gestion du site et de la maintenance, je découvre un rythme beaucoup plus soutenu que celui de l’organisateur consacré à son (ou ses) domaine(s) qu’il peut en général dupliquer. Je fais face à de nombreux formats différents de manifestations, j’anticipe les plannings, je jongle entre congrès, événements d’entreprise et spectacles. La partie salons n’est pas la plus importante. Nous accueillons même un tournoi de tennis du circuit international, c’est dire que la palette est large.
J’apporte un vrai développement d’activité à cette agglomération quimpéroise de 100.000 habitants, je travaille aux retombées économiques sur le territoire, je fixe un certain nombre d’événements à Quimper. Nous avons même mis en place une structure interne de réservation de chambres, en lien avec les acteurs du tourisme.
EW. Quels sont les liens avec les structures locales et les atouts du site ?
DP. Notre structure est pilotée par Ludovic Jolivet, Président de l’agglomération Quimper – Bretagne occidentale, qui est aussi le maire de Quimper. La confiance n’exclut pas le contrôle. Il est très moteur pour nous aider à développer l’organisation de certains événements et soutenir l’activité et le développement de ses stratégies économiques et de territoire. 1 euro de locatif d’un événement génère environ 30 euros consolidés au global.
L’agglomération a investi près de 13 millions d’euros sur le Parc d’Expos et 9 millions d’euros rien que pour le Chapeau Rouge.
Malgré la distance, les atouts de Quimper ne sont pas négligeables, le charme en premier, c’est une cité historique médiévale bretonne possédant un magnifique patrimoine architectural. En juillet 2017, la Ligne à Grand Vitesse depuis Paris sera réduite à 3h30 !
EW. Quimper Evénements en quelques chiffres ? Que va apporter le nouveau Centre des Congrès ?
DP. Il y a un vrai potentiel, près de 300.000 visiteurs en 2015, 8.000 m² bruts d’exploitation, 70 événements multiples organisés, une salle des congrès et spectacles qui contient jusqu’à 1.800 places assises et 5.000 debout.
Le nouveau Centre des Congrès du Chapeau Rouge, qui est située en plein cœur du quartier historique et piéton de la ville, accueillera tous les formats d’événements d’entreprises de 20 à 400 personnes. Nous comptons que de petits congrès amènent des événements plus forts et spécifiques pouvant s’ancrer dans notre territoire.
Avec un effectif de seulement 7 personnes, le mode de gestion humaine est souple. Nous avons aussi la particularité de proposer l’installation générale des événements avec des équipements que nous avons acquis, ceci nous confère une excellente réactivité et complète notre offre.
EW. Qu’en est-il du visitorat et de la concurrence régionale ?
DP. Notre zone de chalandise, pour tout ce qui est congrès et événements d’entreprises, couvre tout le grand ouest, de Nantes et Rennes à St Malo et Brest, et bientôt Paris avec la LGV.
Je crois beaucoup au potentiel de développement de manifestations grand-public et professionnelles ici, dans cette belle capitale de la Cornouaille. Notre destination est, en effet, une alternative aux grandes métropoles.
L’argument est que, les bretons se déplaçant essentiellement en voiture, Quimper est central, facile d’accès et avec des équipements vraiment de qualité.
En conclusion, nous bénéficions d’une excellente synergie locale des différents acteurs économiques et relais institutionnels, ce qui favorise l’accueil des organisateurs, et ainsi le développement de Quimper Evénements
Propos recueillis par Eric Watiez pour la Gazette des Salons
Pour en savoir plus sur Expocert : www.expocert.fr
et Quimper Evénements : www.quimper-evenements.fr
Cet article est extrait du Guide des Salons édité par la Gazette des Salons en janvier 2017.