Inflation, une énième crise à surmonter pour le secteur

Inflation, une énième crise à surmonter pour le secteur

Depuis trois années, notre société dans son ensemble est marquée par une succession de crises qui perdurent et provoquent de nombreux bouleversements économiques et sociaux. La crise sanitaire et la guerre en Ukraine ont provoqué des pénuries de certains matériaux, de matières premières et d’énergie.
Conséquence : une flambée des prix qui plonge l’Europe dans une inflation et touche tous les secteurs dont celui de l’événementiel.

Les acteurs de la filière salonsorganisateurs d’événements, prestataires, agences et sites d’accueil – sont confrontés à une augmentation des coûts dans tous les domaines, des matières premières (de 20 à 25 %) aux factures d’énergie en passant par les frais de transports à laquelle s’ajoute une pénurie de main d’œuvre mais aussi une inflation des salaires. Si en 2022, bon nombre de
fournisseurs ont limité les hausses, 2023 s’annonce d’ores et déjà beaucoup plus préoccupante avec davantage d’augmentations et des délais de livraison plus longs en raison des difficultés d’approvisionnement. Il faut souligner que la hausse des matières premières n’a pas le même impact sur le prix final que les augmentations ales.
C’est ce que révèle les résultats d’une enquête publiée par Crealians, Prestalians et le Leads en septembre 2022.

C’est toute la chaîne qui est impactée par ces évolutions ayant des conséquences aussi bien sur les process et les outils de travail, les contenus, les événements mais aussi l’équilibre économique et la rentabilité des entreprises. Et, difficile de répercuter la hausse des prix sur les clients qui comprennent bien le phénomène inflationniste. Pour autant, si certains acceptent une augmentation de leur facture sur la base d’un taux relativement faible par rapport au prix final (coût pour le prestataire), d’autres ne sont pas encore prêts à l’accepter. Les négociations peuvent parfois être difficiles.
Quelles solutions ? réduction des prestations, de la surface d’exposition, nouveaux matériaux (recyclables…) ou encore réutilisation d’un stand sur plusieurs salons qui s’inscrit dans une démarche RSE ? C’est tout le point.

Même si la reprise de l’activité est significative depuis plusieurs mois, l’inquiétude est de mise chez les professionnels du secteur qui n’ont pas d’autre choix que de s’adapter au contexte inflationniste, comme ils l’ont fait durant la crise sanitaire. Ils se mobilisent pour, à la fois faire des économies et trouver des solutions propres à leur activité à court terme, mais aussi à long terme. En effet, cette nouvelle crise montre toute la complexité des marchés et met en lumière la problématique de l’énergie dans sa globalité. L’enjeu est de répondre aux enjeux du présent. Mais ne peut-on pas l’appréhender comme une opportunité pour transformer les modèles et accélérer la transition écologique essentielle pour la filière et le monde de demain ?

Des prestataires entre fatalisme et inquiétude pour 2023

Pour Jacques de la Guillonnière, Président du groupe Novelty-Magnum-Dushow, la crise énergétique actuelle n’a que peu d’incidence. Les différentes entités du groupe sont en effet très peu consommatrices d’énergie et organisées pour travailler en proximité afin d’éviter le plus possible de déplacer du matériel et des équipes.
« Nous avons aussi à coeur de sourcer nos besoins localement. Sur la problématique énergétique, les entreprises du groupe ne sont pas des grosses consommatrices d’énergie. Les clients vont peut-être nous demander la consommation sur leurs événements, charge à nous de leur apporter cette donnée. Mais la consommation sur les événements a d’ores et déjà beaucoup diminué, grâce au LED ou au laser, et des systèmes de son beaucoup plus directifs. Enfin nous utilisons autant que faire se peut du carburant propre pour nos groupes électrogènes. » précise le chef d’entreprise. Reste que les prestataires techniques, à l’image des autres professionnels du secteur, ont dû aussi faire face à une autre inflation, à savoir celle des salaires de leurs collaborateurs.

Dans un contexte de pénurie de personnel, pas question de laisser filer les collaborateurs aguerris et rompus à la culture d’entreprise. Aussi, il a bien fallu consentir à des hausses de salaires, qui couplées avec celles de l’énergie et des matières premières, viennent grignoter les marges des entreprises.

 

Inquiétude du côté des traiteurs

Fortement pénalisés par la pénurie de main d’oeuvre et d’extras, au point de ne pas pouvoir répondre à toutes les sollicitations clients, les traiteurs cumulent les embûches. L’augmentation des prix des matières premières et de l’électricité pénalisent des traiteurs organisateurs de réception qui n’ont d’autres alternatives que de répercuter cette hausse sur les prix de leur prestation. Une hausse globalement bien acceptée par des clients évidemment au fait de l’inflation actuelle.
« Les prix des poissons et des viandes ayant notablement augmenté, nous n’avons d’autre choix que d’augmenter nos prix. Si le client ne le comprend pas, nous ne donnons pas suite à sa demande. » indique un traiteur parisien. Une position de fermeté qui s’entend dans un marché très actif et où la demande ne faiblit pas. Autre augmentation qui vient impacter le secteur, celle de l’énergie. Certains traiteurs ont déjà vu leur note d’électricité subir une augmentation de 3,5 points. Et l’inquiétude est de mise pour 2023 qui augure des hausses encore supérieures.

Ces différentes hausses viennent inévitablement impacter la rentabilité des traiteurs, d’autant que ces derniers vont être prochainement amenés à rembourser les PGE contractés durant la crise Covid. Pour autant, la profession s’adapte et travaille à davantage de flexibilité pour faire face aux demandes de dernière minute notamment. Un véritable challenge pour un secteur également très pénalisé par la crise de l’emploi et le manque chronique de personnel bien formé.
Rompus à la gestion des aléas, les traiteurs ont en ligne de mire une autre inquiétude : celle des mouvements sociaux qui pourraient s’installer en janvier. Et d’aucun de témoigner qu’une nouvelle crise de type gilets jaunes ou des manifestations en série qui paralyseraient Paris ou le pays seraient catastrophiques et pourraient voir disparaître certains traiteurs n’ayant pas une assise financière suffisamment solide.

« Les traiteurs cumulent actuellement deux problèmes. Il y a d’une part l’inflation, d’autre part la disponibilité. Cela concerne la disponibilité de l’alimentaire, du personnel, des arts de la table, des camions frigorifiques notamment, avec en prime l’augmentation des coûts. Tout est plus cher et plus difficile à obtenir !
Évidemment, nous sommes aussi impactés par l’augmentation des prix de l’énergie, assez peu sur le gaz mais surtout sur l’électricité. Nous essayons donc de gérer au mieux, et nous n’avons d’autre choix que d’augmenter nos prix.
L’inquiétude demeure pour 2023 car beaucoup de nos fournisseurs vont également procéder à des hausses en début d’année. Ils nous disent que jusqu’ici ils ont tenu leurs prix mais qu’en janvier ils ne pourront plus. Autre produit qui nous impacte : les consommables. Le prix du verre que nous utilisons pour nos contenants a quasiment doublé par exemple. Ceci dit, cela nous fait accélérer nos pratiques éco-responsables en récupérant, lavant et réutilisant les contenants. Nous voulions le faire de toute façon, mais désormais cela a un véritable intérêt économique.

Cependant, la bonne nouvelle est que l’activité traiteur reste positive et bien orientée sur janvier. Quand j’interroge mes confrères, tout le monde table sur un bon trend en début d’année. Il faut donc que le facteur prix ne nous fasse pas sortir du marché. »

 

Article publié dans le numéro du Guide de Janvier 2023 – Première partie. Propos recueillis par Abigail Elher et Charlie Bronte.

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