Après la vague d’espoir suscitée fin juillet par l’annonce du ministre Franck Riester, de l’autorisation des salons à partir du premier septembre, l’ambiance est désormais à la douche froide dans cette deuxième quinzaine d’août, avec l’enchaînement d’annulations d’événements de premier plan comme la Foire de Chalons ou la Foire du Dauphiné.
Depuis l’annonce la semaine dernière par le Premier ministre d’interdire les rassemblements de plus de 5 000 personnes jusqu’au 30 octobre et de donner aux préfets la possibilité de déroger à cette règle, on observe des interprétations très variables de cette notion de « rassemblement de 5 000 personnes » par les différents préfets. Pour les deux foires citées, c’est le préfet de chacun des départements concernés qui a refusé de délivrer la dérogation.
Après l’annonce de l’autorisation d’ouverture d’autres manifestations comme le Puy du Fou, et la polémique qui s’en est suivie, les professionnels de l’événementiel ne savent plus à quel saint se vouer, tant les décisions semblent fluctuantes d’un territoire à l’autre, permettant à quelques manifestations de passer entre les gouttes. Par exemple, les sommets de l’élevage auront bien lieu en octobre en Auvergne.
Au mois de mars dernier (une éternité…), une circulaire du Ministère de l’intérieur avait mentionné que les 5 000 personnes devaient s’apprécier « à l’instant T et par hall ». Rien n’est moins sûr à présent et le doute s’est installé. Une clarification avec une règle compréhensible et applicable pour tous serait ainsi la bienvenue de la part du gouvernement.
Une centaine de salons sont à ce jour directement concernés, dont le sort dépend de décisions préfectorales motivées au cas par cas. Parmi ceux-ci, une douzaine d’événements internationaux dont le Silmo Paris, Maison et Objet, mais aussi 57 salons nationaux, 23 foires et 11 congrès.
455.000 emplois en jeu
Les conséquences économiques sont énormes puisque 455.000 emplois directs ou indirects sont en jeu. On considère que le secteur événementiel a déjà perdu 15 milliards d’euros dont plus de 7 milliards pour les organisateurs et les prestataires de la filière. L’autre moitié de ces pertes impactant les acteurs du tourisme d’affaires dont l’hôtellerie qui tire jusqu’à 50% de son chiffre d’affaires des événements dans les grandes métropoles.
Solidaire des mesures de sécurité sanitaires, vitales pour notre pays, le secteur événementiel ne comprend pas pourquoi il devrait continuer à subir plus que d’autres le poids de la précaution. En effet, les risques de contamination sur un salon ne sont pas plus importants que dans un supermarché ou un parc de loisirs… surtout si l’on considère qu’on a affaire à des événements montés par des professionnels responsables et bien au fait des mesures de sécurité, pour des exposants et visiteurs eux aussi dans une démarche de responsabilité.
Une attente énorme d’une règle claire de la part du gouvernement
En première ligne pour assurer la défense du secteur, UNIMEV (Union des Métiers de l’Evènement) a obtenu un rendez-vous avec le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, jeudi 20 août. L’objectif est d’obtenir des réponses claires sur des points essentiels :
- Le besoin urgent d’avoir une règle précise (5 000 personnes à l’instant T et par hall ou chapiteau) à partir de laquelle les préfets pourront prendre des décisions et autoriser d’éventuelles dérogations.
- Le risque d’annulation d’une centaine d’événements professionnels en septembre et octobre si la jauge s’appréciait par jour et sans tenir compte des différents espaces occupés.
A titre de comparaison, les foires et salons en Allemagne réouvrent bien au 1er septembre (sauf éventuel contre-ordre). Un des leviers des professionnels allemands pour obtenir cette réouverture a bien été de convaincre de la différence entre salons et événements de foule. L’attente est immense pour toute la filière, et nous sommes nombreux à espérer que le bon sens l’emporte, sans avoir à baisser la garde face au virus.