Lors de son point presse de fin de salon, il y a un an, Guillaume Loizeaud, patron du MONDIAL DU BATIMENT chez Reed Expo, se voit demander si un projet de retour à la Porte de Versailles demeure d’actualité. A cette question, récurrente depuis plusieurs sessions, Guillaume Loizeaud objecte l’indisponibilité de halls dans le site de la capitale à l’automne, saison exigée par la profession. Guillaume Loizeaud n’est pour autant pas hostile à un retour au bercail, c’est un homme d’anticipation et d’écoute. Il l’a prouvé depuis cinq ans qu’il est à la tête du Mondial.
C’est un homme de communication, d’action, un professionnel du secteur, connaisseur de son monde, apte à consensus puis au rassemblement. Omniprésent, il n’hésite pas à mouiller sa chemise pour mettre en avant les acteurs du bâtiment et de la construction. Penser aujourd’hui au MONDIAL DU BATIMENT renvoie automatiquement à l’image de Guillaume Loizeaud. Mais, à l’issue de cette session 2019, il faut vraiment réagir. Les professionnels et journalistes ont bien noté un revers de fréquentation (diminution de 12%, entre autres due à des problèmes d’accès au site) ainsi que des allées quelque peu élargies, de grands espaces vides et l’absence de quelques leaders (on cite souvent St Gobain). On ne remet pour autant pas en question les efforts des équipes de Guillaume Loizeaud, investissement commercial, communication hors pair, installation de secteurs d’avenir comme la Tech. Le MONDIAL DU BATIMENT ne se repose pas sur ses lauriers, ceux qui seraient tressés à tort sur son incontournabilité. Au contraire, il rassemble, il internationalise, il sectorise. Alors quoi ? Pourquoi faudrait-il revenir dans la capitale ?
Retour en arrière. Nous sommes au début des années 2010. Reed Expositions organise en propre depuis des années le salon BATIMAT, leader international dans le domaine de la construction et du bâtiment. BATIMAT a fêté ses 60 ans en 2019. Qui peut prétendre à mieux à part quelques pointures comme la Foire de Paris et le Mondial de l’Automobile, en souffrance toutes les deux ? Il organise parallèlement, pour le compte de fédérations professionnelles, les salons INTERCLIMA et IDEOBAIN. Il lui semble logique de réunir en un temps et en un lieu ces trois manifestations (clientèles similaires et complémentaires) et réaliser un événement de dimension mondiale. Le Parc d’Expositions de la Porte de Versailles, où se tiennent ces trois manifestations, n’est pas alors en mesure de proposer l’espace suffisant sur la même semaine. Le site est encore dans ses travaux tournants et le planning est rempli de manifestations récurrentes en octobre-novembre. Il est alors décidé le déménagement des trois salons, qui demeurent démarqués géographiquement, sous le label MONDIAL DU BATIMENT, en 2013 sur le rythme biennal habituel. Les arguments sont réels : facilités logistiques, grands espaces d’exposition, possibilités d’extension, proximité de l’aéroport Charles-de-Gaulle, accès direct par RER depuis le centre de Paris, immenses parkings, etc. Et le Mondial s’est installé à Paris-Nord pour quatre sessions, de 2013 à 2019, où enfin les enjeux de la performance énergétique et écologique du secteur prenaient tout leur sens.
Oui mais voilà, c’est justement loin de Paris. Les professionnels se remémorent la longue période où, lorsque BATIMAT se tenait à la Porte de Versailles, ils organisaient des soirées et des moments de convivialité avec leurs clients. Dès 2015, Reed Expo commence à recevoir les doléances d’exposants et de visiteurs regrettant cet éloignement. Certains indiquent même ne pas désirer revenir sur la manifestation tant qu’elle se tiendra à Paris-Nord. Cela s’est confirmé ensuite. Le Pôle Construction de Reed, dirigé par Guillaume Loizeaud, n’est pas sourd à ces revendications, évidemment relayées par les fédérations partie-prenantes. Il cherche avec Viparis (Paris-Nord et Parc d’Expo de la Porte de Versailles) les possibilités d’un come back. La fenêtre de tir est d’autant plus étroite que les professionnels tiennent à la période octobre-novembre. Dès janvier 2020, le sujet est remis sur le tapis avec certainement plus de pression qu’à l’habitude du fait des résultats mitigés de 2019. Un créneau pérenne est enfin trouvé dans le calendrier et Reed expo vient de l’annoncer. Il y a cependant une condition, celle de repousser d’un an encore la tenue de l’événement.
Le prochain MONDIAL DU BATIMENT aura donc lieu au Parc des Expositions de la Porte de Versailles (halls 1 à 6) du 3 au 6 octobre 2022, trois ans après le précédent, puis chaque année paire. Avantage de ce décalage, la pandémie de coronavirus et ses répercussions en matières sanitaire, événementielle et économique feront vraisemblablement partie du passé, et les entreprises auront eu le temps de reprendre leur souffle pour cette date. A voir l’impact sur la concurrence salons au plan international.
Plusieurs salons ont déjà effectué un retour à la Porte de Versailles après en être partis pour Paris-Nord. Il nous vient en tête l’exemple d’EQUIPAUTO, salon international de l’après-vente automobile, organisé par COMEXPOSIUM. La manifestation a ensuite subi quelques revers avec une représentation suffisamment réduite pour que la décision soit prise de se replier à la Porte de Versailles. Pour être à Paris-Nord, il faut être vaste, ou bien on se sent perdu. Pour le cas d’EQUIPAUTO, une opportunité de retour s’est faite bien plus rapidement que pour le MONDIAL DU BATIMENT.
Mais qu’est ce qui va changer sur le fond ?
Retour lui et à Guillaume Loizeaud : « Quel plaisir et quelle belle perspective de pouvoir écrire avec la filière cette nouvelle histoire ! Le retour de BATIMAT, IDEOBAIN et INTERCLIMA à Paris en 2022 s’annonce comme un grand moment de convivialité pour tous les professionnels. Complètement repensé sur le format d’exposition, en phase avec les grands enjeux, augmenté dans le temps grâce au digital, le MONDIAL DU BATIMENT réunira le meilleur du salon et du virtuel. »
Le type de déclaration qu’on entend lors de la promotion de toute manifestation, mais en effet, l’organisateur semble ne pas se contenter pas de ce simple changement de date et de lieu. Il annonce une profonde transformation de l’événement avec un concept d’exposition totalement repensé. La structure des salons en premier lieu. Les temps ne sont plus à la surenchère des stands, les entreprises cherchent logiquement à réduire leurs frais et optimiser leur coût de participation. Ainsi, le concept et la structure de l’exposition seront totalement repensés. Cette dernière sera bâtie autour de modules standards et des tailles de stands limitées à 100m² par marque. Les exposants pourront choisir leur emplacement dès l’inscription. Par ailleurs, la surface globale d’exposition sera diminuée, la Porte de Versailles pouvant mettre à disposition 136.000 m² seulement (à comparer aux 150.000 m² estimés à Paris-Nord). De plus, le temps d’exposition sera rapporté à 4 jours pour les trois manifestations (au lieu de 5 jours pour BATIMAT et IDEOBAIN auparavant), diminuant de fait les frais. L’organisateur promet ainsi une amélioration du retour sur investissement des exposants, et à plus d’exposants et de métiers de pouvoir se présenter. Enfin, sans que cela soit encore très concret, l’organisateur va mettre en place un projet logistique d’envergure qui aura pour objectif de réduire les temps de montage et démontage et de fluidifier les flux autour de la Porte de Versailles, cherchant ainsi à rassurer ceux qui ont déjà été pris dans les encombrements d’accès inhérents au lieu lors des grosses manifestations.
Reed Expo ne s’arrête pas aux aspects techniques et logistiques pour convaincre du bien-fondé de ce retour. L’autre enjeu est celui de l’événement lui-même qui devrait devenir plus sobre et s’inscrire dans une démarche RSE. Il deviendrait le premier grand salon du secteur à mettre en œuvre une politique et des actions d’envergure pour la réduction de ses impacts : réduction et revalorisation des déchets, politique d’achats responsables, écoconception, restauration responsable… Nous attendons les annonces concrètes promises ultérieurement.
Une offre digitale de rupture, 365 jours par an
Et ce n’est pas tout. Les salons, surtout lorsqu’ils sont reportés dans le temps, ont besoin de vivre en permanence. Les salons sont vite oubliés alors que les moyens d’approche des professionnels se multiplient. Les salons, en plus d’être vitrines, vecteurs d’image et générateurs de chiffre d’affaires ponctuels, doivent trouver un autre sens pour perdurer : accompagner le marché au quotidien. Guillaume Loizeaud l’a compris depuis plusieurs années et les modifications en vue ne feront qu’approfondir la réflexion. Ainsi, pour développer la visibilité des exposants entre deux éditions et leur permettre de préparer une rencontre conviviale et qualitative pendant les 4 jours de salon, les organisateurs de BATIMAT, IDEOBAIN et INTERCLIMA conçoivent une offre nouvelle d’outils digitaux. Celle-ci a pour ambition d’augmenter le nombre de contacts et la notoriété des marques des exposants sur une période élargie. La mise en relation et la visibilité, cœur de métier des salons, sont maintenant étendues entre deux éditions grâce au numérique. Disponible dès la signature de participation au salon, cette offre, en rupture avec les pratiques du métier s’articule autour d’un mix de solutions digitales : des contenus multiformes disponibles sur les blogs (livres blancs, articles, nouveautés produits…), des tables rondes en live et en replay, des émissions et podcasts sur Batiradio (« la voix du bâtiment »), des moments interactifs avec des webinars et des conversations en ligne.
Nouveau chantier à la Porte de Versailles donc, le renouveau du MONDIAL DU BATIMENT. Dans l’attente des prochaines communications, GDS souhaite un succès à ce nouveau projet autour d’une manifestation historique leader, et qui démontre que le métier d’organisateur en France a toute sa place. Malgré les vicissitudes (et les oublis) auxquelles il est soumis (la période actuelle en est le relief), il arrive à bouger des montagnes pour que vivent et prospèrent une multitude de prestataires et professions.
EW
Quelques rappels :
Le MONDIAL DU BATIMENT est la réunion de BATIMAT, INTERCLIMA et IDEOBAIN. 284.000 visiteurs en 2019.
BATIMAT est la propriété de REED EXPO, l’organisation est confiée à son Pôle Construction, Guillaume LOIZEAUD, qui en est le directeur, est le directeur de l’ensemble de l’événement. Infos sur www.batimat.com
INTERCLIMA est la propriété d’UNICLIMA (syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques), dont le président est François Frisquet. Infos sur www.interclima.com
IDEOBAIN est la propriété de l’AFISB (Association Française des Industries de la Salle de Bains), dont le président est Yves Daniélou. Infos sur www.ideobain.com
