Emmanuèle Faure est une professionnelle chevronnée du monde des salons. C’est également une fine observatrice des tendances qui se dégagent dans la relation qui unit les organisateurs de salons avec leurs clients et publics. Elle nous livre aujourd’hui son « top 5 » des tendances salons pour 2020.
Les mots clés 2020 : #Rencontres #Responsable #Engagement
Après la révolution digitale, place à la révolution du modèle de vente de m2 vers celui de vente de Rencontres… pour ceux qui souhaitent prendre le virage et continuer à drainer une population qualifiée.
N°1 – Penser « éco-responsable »
Selon un récent sondage Ipsos-Sopra, parmi les préoccupations principales des Français se trouve en première position « la protection de l’environnement ». En 2020, pour continuer à séduire, les salons doivent faire valoir leurs politiques en matière de durabilité, les simples actions publicitaires ne suffiront plus, que ce soit en BtoC comme en BtoB.
Un exemple, en visitant le Nautic, j’ai pu remarquer leur engagement dans une démarche éco-responsable : pour des matériaux recyclables (moquettes et emballages de protection des bateaux envoyés dans une filière de revalorisation), des zones de tri pour les déchets des exposants, des points de collecte pour les visiteurs, des réductions importantes de leur consommation électrique…
Chaque salon, à son niveau pourrait sans doute apporter une contribution concrète.
N°2 –Traiter le salon comme une marque
Je suis toujours un peu surprise de ne plus entendre la « voix » d’un salon dans les 4 à 6 mois suivant sa clôture. Il est vrai que c’est un process naturel chez les organisateurs, que j’ai aussi vécu : une fois le salon terminé (sur lequel on a « trimé » pendant près de 10 mois), toute l’équipe étant relâchée, le deuil de « l’événement éphémère » prend le relais pendant des semaines…
Il est pourtant essentiel de continuer à « faire vivre » son salon pour que l’investissement de la marque soit considéré comme un investissement à long terme et que les visiteurs la conserve en mémoire !
Le salon Maison et Objet l’a bien compris en lançant sa plateforme MOM qui met en contact les marques et les visiteurs toute l’année.
N°3 – Apporter du contenu à forte valeur ajoutée
Il devient important que le salon prenne la parole comme une marque pour être identifié comme « expert » sur les sujets sectoriels, ou même qu’il défende une cause. Par exemple, être identifié par la presse comme tel : est-ce qu’un journaliste, rédigeant un article sur le BTP, penserait à interroger le directeur de Batimat ? Pas si sûre…
Ainsi, parler comme un expert de son secteur permet de créer des piliers conversationnels et donc de générer des clients. A partir de là, l’organisateur peut devenir animateur de sa communauté., « facilitateur » de relations et d’émotions. Avec un niveau de contenu vraiment « engageant ».
En 2020, il est bon d’adopter cette vision : « vous n’êtes plus un organisateur de salon(s), mais un « animateur de communauté » (revenir au but premier du salon : historiquement, le salon organisé par des fédérations pour animer et fédérer une communauté, un corps de métier, etc…).
Vous n’êtes plus dans l’industrie de la vente d’espace mais dans l’industrie de la rencontre professionnelle. Ce changement de prisme permettrait de communiquer toute l’année !
N°4 – Faire vivre des expériences uniques
Le mot à la mode est bien « l’expérience réinventée ». Les organisateurs doivent « se réinventer » en termes de formats afin de satisfaire une demande accrue de clients de sensationnel et de nouveauté
Mais ça ne passe pas uniquement par le casque de VR (réalité virtuelle) pour plonger dans une expérience immersive ou par un talkshow d’influenceurs ultra médiatisés… Il y a bien d’autres points à régler pour arriver à créer des émotions positives auprès des visiteurs et leur faire vivre une expérience unique !
Et ça commence par éviter la traditionnelle « liste des exposants classée par ordre alphabétique avec une nomenclature non pertinente ». Car le visiteur qui veut préparer sa visite n’a d’autre choix que de recopier sur papier les exposants et conférences qui l’intéressent… donc sera un peu agacé.
Alors en 2020, il serait bon de prévoir un petit budget pour une plateforme (avec application Web pour l’amont et Mobile pour le live sur site) qui invite le visiteur à se préparer, afin d’être efficace sur place, gagner du temps et ne pas passer à côté de rencontres. L’intérêt de l’investissement ? Le visiteur est satisfait avant son arrivée sur place et là c’est déjà gagné à 50% en expérience positive. En plus, il sait qui rencontrer, peut interagir avant, pendant et après le salon pour gagner un temps considérable.
N°5 – S’appuyer sur l’Intelligence artificielle (IA)*
Souvent, j’ai remarqué que le focus des équipes Salon se fait à 70% sur les exposants au détriment des visiteurs. Or, les visiteurs veulent aussi savoir qui sera présent, networker et interagir entre eux (échanger avec leurs pairs, retours d’expérience, partage de connaissances…). De vraies opportunités sont à saisir à terme avec l’IA pour favoriser des rencontres ciblées, timées et efficaces.
Le match-making suggère à chaque visiteur un parcours de visite personnalisé : de personnes (exposants), d’entreprises, de produits et de conférences : quel gain de temps en leur annonçant, en amont, ce qui va les intéresser et donc forcément l’intérêt de se déplacer ! Surtout, l’IA permet une meilleure connaissance de l’audience en recueillant de la donnée comportementale donc un Marketing ultra ciblé. Après, tout comme Amazon, l’algorithme apprenant du comportement et des interactions d’une édition à l’autre, il peut continuer à faire des suggestions pertinentes aux visiteurs.
Conclusion : L’objectif des Salons 2020 pourrait être d’offrir une expérience à 360° ! Comme devenir le média de son secteur, fédérer sa communauté en lui permettant d’interagir et de se connecter à tout moment de l’année pour ainsi devenir le leader de son secteur.
Mon rôle est d’accompagner la mutation des modèles classiques de salons, pour leur donner davantage de contenu et attirer plus de visiteurs. Et donc de créer les nouveaux formats d’événements qui vont les accueillir.
*Merci à Justine Rabel de Swapcard pour nos échanges sur l’IA.