La crise du coronavirus Covid-19 que nous affrontons actuellement agit comme un accélérateur des pratiques de notre société. Elle met en lumière des usages parfois anciens, en révèle de nouveaux, qu’ils soient bons ou mauvais. Parmi les bonnes pratiques qui refont surface, on notera avec plaisir le désir de solidarité, la généralisation de mesures d’hygiène pourtant évidentes, ou bien l’urgence d’une relocalisation des secteurs « stratégiques ». A l’opposé, la liste des agissements ou réflexes qui nous ramènent vers le côté obscur de la nature humaine serait bien trop longue pour être énumérée ici. On peut toutefois relever l’égoïsme consistant à stocker tout et n’importe quoi, les comportements irresponsables mettant la collectivité en danger, ou bien la capacité de nombreux commentateurs à trouver des coupables plutôt que des solutions.
En ce qui concerne notre secteur, cette période exceptionnelle a fait prendre conscience du caractère irremplaçable des événements, de la frustration énorme que représente l’impossibilité de se rassembler, d’échanger en face à face. Si le numérique offre une alternative très convaincante pour remplacer tout ce qui s’apparente à une réunion de travail ou même amicale, rien ne peut concurrencer la richesse de sensations offerte par les salons, le seul média à interagir avec nos cinq sens.
Rompre avec les mauvaises habitudes pour franchir le cap
Nous redoutons tous que la crise sanitaire ne débouche sur une crise économique encore plus dévastatrice. Alors que la porte du déconfinement est entrebâillée, et que la reprise se dessine, il apparaît évident que certaines mauvaises pratiques jusque-là pénalisantes, ne deviennent mortelles pour les entreprises en s’additionnant aux séquelles de la crise. En tête de liste de ces mauvaises habitudes, on retrouve les appels d’offres multiples et non rémunérés.
Les agences de design de stand, représentées par le LEADS sont de plus en plus impactées par ce qui devient une manie chez de trop nombreux acheteurs : mettre en concurrence une dizaine de prestataires et bien sûr, ne rémunérer personne pour le travail non retenu. Ce n’est pas un combat nouveau, mais une pratique qui s’aggrave au fil des ans. Participer à une compétition pour la conception d’un stand est un véritable investissement pour les agences, entre 5000 et 10.000 euros à chaque fois, et représente environ 6% de leur chiffre d’affaires annuel. Généralement, 90% du travail de création est fait pour répondre à une compétition. Une débauche d’énergie pour les méninges des concepteurs, et surtout un terrible gâchis pour ceux qui ne sont pas retenus… Les premières victimes sont les petites structures, n’ayant pas les reins assez solides pour voir une partie conséquente de leur marge partir en fumée.
Appels d’offres non rémunérés, ne plus continuer « comme avant »
Pour mieux se faire entendre face au risque de voire des dizaines d’entreprises mettre la clé sous la porte, le LEADS s’est associé aux agences de communications représentées par l’UCC Grand Sud, qui subissent le même fléau. Leur démarche conjointe s’exprime dans un manifeste intitulé #LaComSeManifeste. Ce mouvement a pour objectif de dénoncer les mauvaises pratiques qui fragilisent les métiers de la création, mais aussi et surtout de faire des propositions concrètes pour y remédier. On peut retrouver le détail du manifeste sur le site internet lacomsemanifeste.fr.
La finalité est de définir une nouvelle règle du jeu réunissant les agences et les annonceurs autour de pratiques vertueuses et bénéfiques pour tous. Enfin, cette démarche pourrait inspirer un projet de loi attendu par de très nombreux professionnels autour du thème « ne plus faire travailler les entreprises pour rien ».
La Gazette des Salons salue cette initiative et nous vous invitons à signer en nombre le manifeste. Nous insistons sur le danger qu’il y’aurait « à continuer comme avant » en reproduisant comme si de rien n’était, des pratiques désastreuses pour la filière événementielle.