La question peut faire débat, car dans la logique les organisateurs sont les clients des parcs. Comment cette concurrence peut-elle être appréhendée ?
En préambule, disons-le tout de suite : Il y a en France un avant et un après « GL Events » et cette question est donc susceptible d’exceptions qui font la nouvelle règle : Le gestionnaire de parcs, pour le compte de municipalités, est avant tout un prestataire et un organisateur connu et reconnu, à très juste titre.
Il faut aussi considérer que ce sujet est une spécialité bien Française.
En effet, dans la plupart des cas et notamment à Paris, les loueurs d’espaces sont des sociétés commerciales, donc à but lucratif, dont le premier objectif est de contenter leurs actionnaires.
De facto, les loyers et tous les revenus induits viennent charger l’organisateur dans une proportion très importante de leur business plan.
Chez la plupart de nos voisins, les parcs appartiennent aux municipalités ou aux régions, ou subventionnés par eux, comme en Allemagne ou en Espagne.
Ces derniers raisonnent de ce fait en économie globale :
Quel est l’apport sur toute l’économie locale, voire nationale sur la tenue d’un salon ? Hôtellerie, restauration, commerces, transports qui sont chiffrables, notoriété et réputation de la destination qui sont plus difficile à chiffrer mais comptent dans cette politique d’attirance des organisateurs.
Ces derniers sont donc non seulement adulés, mais plus encore recrutés avec opiniâtreté.
Ceci explique et nous avons dû y faire face avec impuissance, l’incompréhension de nos exposants face aux différences de prix de nos salons Français avec nos voisins, Allemands par exemple, qui sont soutenus par les municipalités et les Länder.
Paris n’est pas une exception; tout le monde se souvient du GSM, premier salon mondial de la téléphonie mobile qui abandonna CANNES et la SEMEC au profit de BARCELONE.
Pourtant CANNES fut un exemple pour nous de parfaite collaboration entre organisateur et municipalité. La Mairie constatant l’absence de chiffre d’affaires en juillet et en décembre au Palais des Festivals, nous sollicita pour trouver une solution.
Nous y avons créé un salon d’antiquités de très haut de gamme, avec les meilleurs marchands Français et Italiens.
La ville nous offrit des conditions de location très attractives compte tenu de la saisonnalité et surtout tout l’arsenal d’outils de communication, allant des 4×3 sur la Croisette, aux radios et télévisions.
Un partenariat avec les palaces de la croisette couronna ce succès largement partagé entre la Mairie, le Palais des Festivals, les hôtels et toute l’économie locale. Un « win to win » sans équivalent, les plus grands gagnants étant les exposants.
La stratégie de la municipalité a sans doute changé, recherchant à présent un réel positionnement d’organisateur avec le rachat de la marque du MIDEM et d’autres créations mais avec quels réseaux et quelle expérience ?
Nous avons, avec d’autres salons fait l’expérience du « Tour de France », notamment avec GREEN EXPO ou le congrès de l’ABF et bien d’autres, où chaque année une ville de France avait eu le privilège de recevoir les salons. A chaque ville un « win to win », de Strasbourg à Nantes, de Biarritz à Clermont Ferrand : Apporter un salon et son économie induite en échange d’un concours de toutes les énergies locales. Ce fut chaque fois une belle expérience.
Mais alors, qu’est-ce qui a poussé les municipalités et les parcs à produire leurs propres événements ?
La réponse est évidente, il faut à ces municipalités et à ces parcs un chiffre d’affaires suffisant pour amortir leur outil, souvent très performant, mais sous utilisé. J’ai même relevé cette remarque plus directe : « Nous faisons le boulot des organisateurs qui ne viennent pas chez nous ! ». C’est une objection parfaitement recevable !
Reste à déterminer si ces parcs et municipalités ont les moyens, les compétences, les outils marketing, le savoir-faire et surtout les réseaux pour faire de ces manifestations de vrais succès.
PARIS et VIPARIS notamment, restent pour le moment dans une position de protection de leurs clients organisateurs et leur assurent même des dispositifs de non concurrence et des possibilités de pérennisation (droit du grand-père)
Il est certain que dans ce domaine, le groupe GL EVENTS a renversé la table et ce de manière légitime. D’abord prestataires, ils sont devenus organisateurs et maintenant gestionnaires de parcs, s’appuyant sur un savoir-faire indiscutable. C’est la raison pour laquelle de nombreuses municipalités ont confié à ce groupe leurs parcs et palais des congrès.
Concept Faustien ou réelle embellie, les résultats sont là, force est de le constater chiffres en mains.
La conclusion n’est pas facile, mais il faut garder à l’esprit que chacun doit préserver son modèle économique et que dans ce domaine il n’y a qu’une règle, c’est toujours par la performance que l’on gagne.
Un organisateur, bien que « client » du parc doit garantir un résultat, car aujourd’hui tout l’écosystème est impliqué, chacun porte sa part de responsabilité dans une réussite globale.
On ne gagne jamais seul.
Jean-Marie Hubert