En se promenant dans les allées du Mondial 2018, pompeusement rebaptisé Paris Motor Show, une question vient spontanément à l’esprit : où sont passés les Groupes Fiat / Chrysler, Ford, Mazda, Mitsubishi, Nissan, Opel, Volvo, Volkswagen ? Car, on a beau chercher, il faut se rendre à l’évidence, ces marques ont bel et bien boudé le grand rendez-vous parisien. Et ce n’est pas la présence du constructeur chinois GAC Motor, qui inversera la tendance.
Résultat, seuls trois pavillons, le 1, le 3 et le 5 sont effectivement consacrés à la présentation des modèles. Le 2, lui, est consacré à la mobilité, une question certes d’actualité, mais qui n’attire pas les foules. D’ailleurs, même aux heures d’affluence, on peut y circuler sans être bousculé. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, il paraissait totalement impensable pour un constructeur automobile de ne pas être présent au Mondial de l’Auto de Paris. D’autant qu’il a la réputation d’être le plus visité des grands salons autos mondiaux.
En dépit de la réduction de sa durée de 16 jours à 11 jours, le mondial de l’auto 2018 a réuni selon les premiers éléments fournis par l’organisateur, plus de 1 000 000 de participants (loin des chiffres stratosphériques des années 2000 avec un record revendiqué en 2004 à 1 460 803 visiteurs). Un chiffre très respectable, même si au premier regard c’est un vrai challenge que d’obtenir un nombre de visiteurs stable par rapport à l’édition précédente malgré 10% d’exposants et 20% de surfaces en moins, avec une durée qui se réduit d’un tiers.
Quelles raisons à cela ? Il suffit de regarder de plus près pour constater que plusieurs facteurs se dessinent.
Tout d’abord, il se murmure en coulisse que le prix des stands atteint de tels sommets que pour beaucoup d’exposants, le jeu ne vaut plus la chandelle. Et de constater qu’à l’exception de l’Automobile Magazine et du Journal de L’Auto, les autres acteurs de la presse auto (l’Auto-Journal, Autoplus) ne s’y trouvaient pas non plus. Il y a ensuite un manque d’attractivité certain. Fini le temps où chaque constructeur venait avec ses concept-cars, ces véhicules de salon dont le but est de montrer le savoir-faire des bureaux d’étude des marques, tout en donnant des indications sur les tendances stylistiques des modèles à venir. Cette année, c’est carrément la disette.
Seuls, les Français jouent vraiment le jeu. Peugeot recueille incontestablement les suffrages du public avec son E-Legend, inspirée de l’iconique 504 coupée. Renault et DS font, eux, le show avec les concepts EZ-Ultimoz et DS X E-tense. A noter que tous ces concepts sont à motorisation électrique, semblant entériner la fin prochaine du moteur thermique. Pour les autres, et ils ne sont pas nombreux, il s’agit de préfiguration de modèles à venir (Audi et Skoda) ou d’extrapolation de modèles existant (Porsche, Smart et BMW etc.). Pas de quoi attirer les foules. Surtout que dans le même temps, les constructeurs de prestige, ceux qui font rêver les visiteurs, sont regroupés dans un coin du pavillon 1. Mal éclairés, dans une scénographie calamiteuse, Ferrari (visiblement non officiel), Maserati, Lamborghini, Aston-Martin, Lotus auxquels s’ajoutent Morgan, Infiniti et Honda Nsx assurent un service minimum.
Seules exceptions : Porsche et Jaguar. La marque allemande ouvrait ainsi son stand au public, au prix d’une heure de queue. Quant au groupe Jaguar Land Rover, il mérite un coup de chapeau, car son stand, lui, était ouvert sans restriction, et l’on pouvait même s’installer à bord d’un F-Type ! voilà qui a dû en faire rêver plus d’un.
Pour ce qui est de vendre du rêve justement, les motards ont, eux, été beaucoup mieux servis. Le mondial de la moto qui se tenait au pavillon 3 permettaient à tout à chacun de monter sur la moto de ses envies et ce quelle que soit la marque. Et là pas de défection flagrante, tout le monde ou presque a joué le jeu.
Un bilan en demi-teinte donc, pour ce cru 2018 du Mondial de l’auto où l’absence d’acteurs importants associé au manque criant de vraies sensations type premières ou concept-cars rendent beaucoup moins pertinent les 18 euros du ticket d’entrée. Gageons que ne ce ne soit qu’une mauvaise passe et que l’ex salon de l’auto retrouve de son lustre en faisant à nouveau rêver les foules.
Rédaction : Laurent Ducastel