Marc Zeitoun est le directeur général de Sececam, filiale de GL Events, qui exploite le Parc d’Expo Mégacité et le Palais des congrès d’Amiens Métropole. Il ne nous parle pas de ses débuts joyeux comme moniteur de ski au Club Méditerranée ! mais de son parcours professionnel, qui l’a amené de Deauville à Amiens, site pour lequel il nous livre quelques éléments d’un business model original.
Eric Watiez : Bonjour Marc Zeitoun, êtes-vous un homme de salons dès vos débuts ?
Marc Zeitoun : Effectivement, j’ai la chance de rencontrer Bernard Becker qui me fait découvrir le monde des salons et une grande aventure commence pour moi. Dans les années 90, j’entre chez Dominique Vachon, loueur de mobilier, et je fais mes premières armes dans le métier. J’y prends vraiment goût, encore aujourd’hui.
Très vite je rencontre Olivier Ginon et Olivier Roux, qui sont les fondateurs de Polygone. Le regroupement de Cré Rossi, First et Vachon en 1994 donne naissance à GLM. J’ai alors en charge les grands comptes chez Vachon. Cette position me donne l’occasion de rencontrer les grands organisateurs de l’époque, Sepaic, Sepic, Miller Freeman, Comité des Expositions de Paris, etc.
Je vis cette charnière où les organisateurs fusionnent, l’arrivée de Reed, de Blenheim.
Je travaille aussi sur les parcs régionaux avec des organisateurs plus locaux.
EW. A quelle occasion commencez-vous à collaborer à un site de congrès ?
MZ. En 1999, je suis débauché par la ville de Deauville pour prendre la direction du développement du Palais des Congrès, le CID. Une très belle aventure. Selon un schéma que je connais maintenant bien, l’exploitant est une SAEM et le bâtiment appartient à la ville. J’y ai mis pas mal de choses en place, et je quitte l’espace en 2007. Je monte alors mon entreprise.
EW. Quelle est-elle ? Un virage dans votre carrière ?
MZ. Je la baptise M Events (M comme Marc), c’est une société d’expertise en aménagements et conseils en organisation. J’ai la chance de répondre avec succès à des appels d’offre du Ministère des Affaires Etrangères pour l’organisation de grandes conférences internationales, comme le sommet de l’OTAN à Strasbourg et d’autres. Je deviens expert en aménagement pour le ministère pour organiser des conférences de 5.000 participants avec 1.500 journalistes par exemple. J’obtiens un contrat de 3 ans.
EW. Un vrai enthousiasme vous anime pour cette entreprise que vous avez créée…
MZ. Oui, c’est extraordinaire, tourbillonnant même de recevoir toutes ces personnalités internationales, c’est une expérience hors du commun. Tout doit être impeccable, ce sont de gros dossiers, des échanges permanents avec les préfectures, une vraie chance de participer à ces événements exceptionnels.
Parallèlement, je complète mon portefeuille avec d’autres organisations de petits séminaires pour des laboratoires pharmaceutiques et des sociétés d’informatique.
Toutes ces missions me font côtoyer en permanence les professionnels de l’exposition, le groupe GL notamment. Ce dernier gagne un appel d’offre à l’Acropolis de Nice pour un sommet organisé par le ministère, et naturellement j’y collabore.
Nous transformons tous les espaces de l’Acropolis pour ce sommet (salles plénières, salles de commissions, accueil des têtes couronnées, logistique, scénographie…) ce qui l’immobilise pendant 1 mois…
EW. Réussissez-vous à demeurer en contact permanent avec votre réseau ?
MZ. Oui, depuis mon port d’attache, Deauville, où ma famille est toujours présente, je maintiens les contacts avec le groupe GL, je visite les salons parisiens, je me déplace à la rencontre de mon réseau. Cela me donne envie de revenir à mes bases, je saisis une opportunité commune avec le groupe GL Events, je rencontre Jean-Eudes Rabut qui est le directeur général des espaces, il me fait une proposition de gestion d’un site et j’arrive alors à Amiens en octobre 2010.
EW. Racontez-nous vos débuts sur ce site d’Amiens.
MZ. Le challenge est important, la DSP (Délégation de Service Public) vient juste d’être signée. C’est un site de province à deux visages : un parc d’expo trentenaire un peu fatigué et une nouvelle aile plus jeune, le palais des congrès.
Il faut repartir sur une thématique de business performante tout en respectant cette DSP, gérer des outils de promotion de destination très forts sur le tourisme d’affaire, obtenir des retombées économiques directes.
EW. Justement, quel est votre impact régional ?
MZ. Quand nous avons le plaisir d’accueillir le 2ème plus grand congrès français, celui des Sapeurs-Pompiers, ce sont des milliers de personnes qu’il faut accueillir pendant 2 ou 3 jours, loger, nourrir, pour lesquels il faut monter des stands… nous faisons ainsi travailler l’économie locale. Et ce ne sont là que les retombées économiques directes, il faut également intégrer les retombées économiques induites liées aux accueils dans les hôtels, aux sourires des commerçants et des taxis, ainsi que l’attractivité de la région… tous ces éléments qui peuvent donner l’envie au congressiste de revenir, avec sa famille, en vacances, etc. Nous organisons par ailleurs conjointement les excursions et visites des accompagnants des congressistes.
EW. Quels sont les acteurs avec lesquels vous travaillez sur le sujet ?
MZ. Nous travaillons sur la promotion du territoire. C’est le cas de tous les sites exploités par GL Events. Nous sommes donc en échanges permanents avec les CRT, CDT et ODT, avec la chambre consulaire, les CCI, la métropole … tous les opérateurs liés au tourisme et à l’économie régionaux en général.
La métropole est propriétaire du site. La DSP a été signée pour 6 années sous l’ancienne majorité politique, cette majorité a changé entre temps. Notre travail est de conserver d’excellentes relations, et, au-delà de notre objectif de résultats financiers, nous avons l’obligation de la bonne communication avec les personnes qui nous ont laissé la gestion de leur bien. C’est un travail de tous les jours indispensable au développement du site.
EW. Quelle est votre organisation interne ? Votre degré d’autonomie par rapport au groupe ?
MZ. Une filiale du groupe a été créée, la SECECAM (Société d’Exploitation du Centre des Congrès et du parc d’Exposition d’Amiens Métropole). J’en suis le directeur général.
Nous avons 3 métiers. Le premier est « Accueilli », ce sont les salons, conférences, conventions, congrès… que nous accueillons.
Le deuxième est « Organisé», ce sont les salons que nous organisons et qui nous appartiennent pour la plupart.
Et le troisième est technique.
Nous avons beaucoup d’autonomie. Bien sûr nous nous devons de reporter régulièrement à tous les niveaux. Les directeurs de sites de GL Events se réunissent 2 fois par an.
EW. Quelques chiffres ?
MZ. Aujourd’hui, entre 270 et 290 événements ont lieu à Mégacité, ils accueillent entre 280.000 et 350.000 visiteurs selon les années.
Nous avons 10.000 m² de hall d’expo plus 10.000 m² d’extérieurs, et encore 5.000 m² de salles de commissions, d’auditorium, d’espaces de restauration, etc.
Je manage une équipe de 20 personnes réparties entre l’administration, la technique et les commerciaux, ainsi que les prestataires ponctuels.
EW. En conclusion, vous n’êtes pas que liés au site d’Amiens, n’est-ce pas ?
MZ. En effet, nous avons la gestion de 3 événements hors les murs de Mégacité. Ainsi, nous accompagnons le Congrès annuel des ambulanciers dans toute la France, nous en réalisons la commercialisation et l’installation générale. Notre 2ème collaboration est avec la Maison des Associations de la ville d’Amiens pour laquelle nous mettons en place l’événement annuel en centre ville, Agora. Nous avons enfin gagné un appel d’offre du gouvernement australien, il s’agit de commémorations de la Grande Guerre le 25 avril « Anzac Day » chaque année, où nous transformons l’espace du mémorial de Villers-Bretonneux en espace d’accueil pour 5.000 personnes.
Propos recueillis par Eric Watiez