Après le boom de l’internet au début des années 2000, notre décennie est celle de l’internet « mobile ». Quelle que soit la taille de l’écran, smartphone ou tablette, on est connecté en permanence. Ceci a amené les sites web traditionnels à devenir « responsive », c’est-à-dire en capacité de s’adapter automatiquement à la dimension du terminal. Toutefois cette adaptabilité, tout en apportant un vrai confort de lecture, n’apporte aucune valeur ajoutée en lien avec un usage nomade. C’est exactement le rôle des « applications mobiles » que de prendre le relais pour permettre l’accès à un grand nombre d’interactions en fonctions de l’endroit où vous êtes, de permettre les échanges avec les interlocuteurs pertinents en fonction de votre situation, et surtout de pouvoir accéder à des services adaptés à votre usage du moment.
La prise de pouvoir des applications mobiles
Quelques chiffres illustrent cette déferlante : Plus de 1,3 million d’applications mobiles sont téléchargeables dans Google Play Store, 1,2 million dans Apple Store, et 300.000 dans Windows Phone Store. Dans le Top 10, on trouve essentiellement des applications dédiées aux réseaux sociaux. Une comparaison permet de prendre conscience de cette nouvelle « prise de pouvoir » : en un an, le trafic enregistré par les applications mobiles a progressé de 44% en moyenne tandis que celui des sites Web a chuté de 10,5% (enquête France AT Internet).
Pour clore ce rapide tableau, on constate qu’une trentaine d’applications sont installées en moyenne sur chaque smartphone, et qu’elles font l’objet de peu de renouvellement. Enfin, pour calmer les ardeurs de ceux qui aspirent à faire fortune instantanément en monétisant le chargement d’une application mobile, il faut rappeler que 90% d’entre elles sont gratuites.
Application mobiles et salons, de quoi parle t’on ?
Naturellement, le monde de l’évènementiel ne peut passer à côté de ce phénomène, compte-tenu de la vocation des foires, salons et congrès (organiser la rencontre autour d’une problématique ou passion commune) qui est parfaitement en adéquation avec les multiples possibilités offertes par les applications mobiles.
Avant de dresser l’inventaire de l’offre et des usages, il est nécessaire de bien déterminer de quoi l’on parle quand on évoque les « applications mobiles salons ».
Techniquement, on distingue deux grandes familles : Les applications natives et les applications web. Une application native désigne un petit logiciel qui se télécharge depuis un App Store et s’installe sur le smartphone, à l’inverse d’une application web mobile qui n’est qu’un site web adapté pour le mobile.
Application native
Avantages :
- Possibilité d’utiliser pour l’application les fonctions avancées du smartphone : géolocalisation / Capteur de mouvements / RFID / Beacons… et tout autre capteur installé sur le lieu du salon ou congrès ;
- Permet de pousser l’information (le push, pour les initiés) : Même si le visiteur/utilisateur n’est pas dans l’application, il est possible de lui envoyer des notifications : Alerte, invitation sur une conférence, une activité… ;
- Consommation de batterie minimale ;
- Consommation de bande passante internet minimale ;
Inconvénients :
- Encore une application à télécharger… et désinstaller après l’évènement (convaincre le visiteur des vrais avantages, sinon le taux de téléchargement est catastrophique).
Application Web mobile :
Avantages :
- Ne nécessite pas de téléchargement, d’installation ;
- Moins intrusif que l’application native ;
- Disponible sur tout terminal, Android, Apple ou autre… ;
Inconvénients :
- Consomme beaucoup plus de batterie !
- Ne dispose pas de toutes les possibilités techniques de l’application native.
- Interactivité de la part des participants amoindrie : par exemple sur un vote du public il faut plus de temps pour un participant pour ouvrir son navigateur web et/ou retourner sur l’url de l’application.
Ce qu’apportent vraiment les applications mobiles ?
Les avantages évidents à proposer une application mobile sont :
- L’apport d’un véritable service pour le participant (information, orientation, interactivité) ;
- Commencer la relation avec le visiteur en amont et déjà diffuser et recueillir des données ;
- Permettre aux visiteurs de devenir acteurs de l’évènement par leurs contributions ;
- Permettre au public « non présent » de participer malgré tout à l’événement (vertu à double tranchant quand le but premier est d’attirer des visiteurs sur le salon) ;
- Une visibilité supplémentaire pour les exposants ;
- Valeur ajoutée pour l’organisateur (diffusion d’informations et surtout collecte de données) ;
Convaincre les visiteurs de l’utilité d’une application mobile salon
Les principaux organisateurs se sont naturellement emparés du sujet. Par exemple, chez Reed Expositions France, 17 applications mobiles ont été développées pour 23 salons sur les 52 organisés (une seule application mobile pour SITL, Intralogistics et TNG). De ces applications, le groupe Reed attend en priorité, une amélioration de l’expérience globale du participant. Pour l’instant, le taux de téléchargement enregistré par Reed est de 7%. Un pourcentage modeste, mais dans la moyenne constatée sur les salons. Pour l’instant, seuls les évènements où l’interactivité avec les participants est primordiale, comme les congrès ou rencontres d’affaires, obtiennent des scores élevés, au-delà de 50%.
On voit donc que la marge de progrès est grande pour que le chargement d’une application mobile salon ne devienne un réflexe pour les visiteurs.
Au rayon des objections : le fait d’avoir à télécharger l’application d’un évènement ponctuel, avec la crainte d’être « pollué » par des notifications à tout bout de champ, mais surtout le manque de prise en compte de l’intérêt réel et de l’utilité concrètement apportés par une application mobile salon. Il va donc falloir se creuser les méninges pour arriver à convaincre au-delà du cercle des geeks habituels… Quelques pistes semblent toutefois émerger :
- Plutôt que des solutions qui se limitent à un seul évènement, proposer des applications mobiles qui hébergent les différents salons d’un même organisateur, ou d’un secteur d’activité ;
- Développer des applications salons qui vivent 12 mois sur 12, en se faisant par exemple le relais de l’actualité de leur secteur d’activité (ça marche déjà pour les sites web…) ;
- Rendre accessibles toutes les opportunités offertes par le salon (jeux, accès aux conférences, soirée VIP…) uniquement via l’application mobile.
Dans tous les cas, avant de se lancer et d’investir entre 5000 et 10.000 euros dans le développement d’une application, il est indispensable de bien cibler ses priorités et surtout celles de ses clients, exposants, partenaires et visiteurs.
Il est également utile de bien prendre en compte l’environnement du salon (qualité réseau, bornes wi-fi, recharge batteries…).
Des catégories différentes en fonction des usages
Au sein du terme « application mobile salon », on identifie des services bien différents. Nous avons identifié quatre grandes catégories d’usages :
- L’enregistrement, la billetterie, le contrôle d’accès ;
- L’orientation, la géolocalisation ;
- L’information et l’interactivité avec et entre les participants ;
- La technique et logistique, les services aux exposants.
Pour illustrer chacune de ces catégories, nous avons fait un focus sur des entreprises proposant des solutions différentes mais souvent complémentaires.
Information, interactivité : Focus sur Goomeo
Goomeo, la Start Up créée à limoges, produit environ 200 applications mobiles par an, dont 20% pour l’international.
Goomeo propose des solutions mobiles 100% évènementielles et totalement customisables selon les objectifs et souhaits de ses clients.
Les principales fonctionnalités sont : Annuaire, Prise de rendez-vous, Interactivité conférences, Selfies personnalisés, Lecteur de badges (scanne QR code), Plans guidés sans réseau, Réseaux sociaux, News, agenda, prise de notes… Point important pour l’organisateur : les données recueillies sont facilement exportables par mail et récupérables sous forme de tableurs.
L’équipe de Goomeo a su gagner la confiance de grands organisateurs français dont Comexposium, Reed Expositions et Tarsus pour développer leurs applications salons.
Quelques exemples d’applications développées récemment : Heavent ; Cartes ; Salon du Cheval ; Midest
En 2015, Goomeo a été récompensé par le « Technology Fast 50 » organisé par Deloitte (entreprises technologiques à forte croissance). Pour surfer sur cette belle dynamique, Goomeo se développe et choisit Londres et Montréal pour ouvrir ses premiers bureaux de représentation à l’international.
Avec ces deux ouvertures, la start-up française fait du Royaume-Uni son marché prioritaire pour exporter sa solution et du Canada sa rampe de lancement vers le marché nord-américain.
L’enregistrement, la billetterie, le contrôle d’accès : Focus sur Applidget
La start-up Applidget édite des solutions spécialisées dans la gestion de flux de visiteurs. A partir de l’application MobiCheckin, les organisateurs de salons, de conférences ou de soirées peuvent gérer le contrôle d’accès du public et connaître facilement l’affluence.
Pour Tristan Verdier, Président et associé d’Applidget, « notre innovation repose sur l’utilisation d’appareils mobiles pour contrôler l’accès. Nous mettons des iPads ou des iPhones dans les mains des hôte(sses)« . Chaque visiteur est émargé directement à l’écran ou montre son badge/ticket avec QR Code imprimé ou sur son smartphone pour être scanné. Les organisateurs peuvent souscrire eux-mêmes en ligne sur le site MobiCheckin, en fonction de leurs besoins.
A ce jour, MobiCheckin a été utilisée dans plus de 300 événements en Europe et a vérifié l’entrée de 300 000 invités, par exemple pour les Salons de recrutement de l’APEC qui réunissent 5 000 personnes par édition, le salon Ecobat Paris organisé par SPAS organisation, les salons du Monde (Salon des Grandes Ecoles, les Salons des Masters).
Les principales fonctionnalités sont :
Registration : Invitations, Formulaire d’inscription, Espace exposant, Paiement en ligne/facturation, Confirmation d’inscription, Gestion des inscriptions (hôtels, transport…)
Checkin : Badges, Contrôle d’accès (iPod customisés), Emargement, Bornes d’inscription
Live : Questions/ Réponses, Sondages, Quiz, Tag Cloud, Photo Wall…
L’orientation, la géolocalisation : Focus sur Planet Intus
L’entreprise suisse Planet Intus dont le centre de recherche et développement est basé à Lyon, s’est spécialisée dans la géolocalisation à partir de balises bluetooth (beacons). La vocation de Planet Intus est d’installer des équipements permanents dans des sites d’expositions. Planet Intus a par exemple équipé 5 sites de Viparis (avec 3800 beacons) et Palexpo Genève.
Les parcs d’expositions ainsi équipés peuvent accueillir des évènements dont les applications mobiles natives (voir définition plus haut) utiliseront ce réseau de beacons (disposés environ tous les 15 mètres) pour se géolocaliser avec une grande précision parmi tous les stands.
Planet Intus développe ses propres solutions mobiles ou bien fournit un module qui s’intègre dans les applis existantes proposées par d’autres entreprises.
Technique et Logistique : Focus sur Egylis
Sur un secteur beaucoup moins « visible » et concurrentiel que les applications à destination des visiteurs, Egylis développe des solutions mobiles, sur tablette et smartphone dédiées aux échanges, aux validations techniques et logistiques entre l’organisateur, les exposants et les prestataires.
« ETicket » est la solution proposée par Egylis pour les organisateurs et les infrastructures : état des lieux, gestion des commandes et gestion des tickets d’ordre d’intervention. Elle a été adoptée entre autres, par quelques clients qui imposent le respect, comme le Salon Aéronautique du Bourget et le Parc d’Expositions de Genève, Palexpo.
Egylis propose également une solution d’invitation et gestion d’accès aux événements qui s’appelle « Move-On Access ».
Accéder à l’annuaire des entreprises proposant des applications mobiles pour salons, congrès, évènements.
Ce dossier fait suite à la conférence présentée par Hervé Boussange (Gazette des Salons) à l’occasion du Congrès UTAC de Marseille en décembre 2015.