Les professionnels de l’événementiel ont beau exercer des « métiers de la rencontre », peu nombreux sont les moments où eux-mêmes, prennent le temps de se retrouver. Encore plus rares, parmi ces moments, sont ceux qui ne traitent ni de mètres carrés, d’exposants, de plans marketing ou bien de flux visiteurs. C’est dans cette catégorie si précieuse d’introspection, que se situent les Rencontres Hivernales, organisées par Unimev, chaque année à Val d’Isère. La 7ème édition qui a réuni une centaine de participants au pied des pistes ne déroge pas à la règle : ici on ne parle pas business, mais des hommes et des femmes qui le font. Cette année comme les précédentes, c’est bien une thématique Management qui a été au cœur des échanges : Rebondir après un échec ou un succès.
Voila un sujet qui doit parler à grand nombre de responsables de salons et organisateurs d’événements. Qui peut se targuer, en effet dans cette profession de ne pas avoir connu l’échec ? Certaines données de la réussite d’un événement sont tellement aléatoires, comme la météo, l’actualité, les grèves, qu’il est quasi impossible de passer entre les gouttes, sans parler des raisons plus impliquantes : mauvais positionnement, dates inappropriées ou communication à côté de la plaque…
Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends (N. MANDELA)
C’est donc avec une attention particulière que les inscrits au millésime 2019 des Rencontres Hivernales ont accueilli le premier intervenant : Charles PÉPIN. Ce philosophe-écrivain bouillonnant à qui les hasards de la généalogie ont attribué un patronyme synonyme de « problème », a publié en 2016 un ouvrage traitant des « vertus de l’échec ». Pendant une heure et demi, Charles Pépin a démontré, avec un brio communicatif, que nous n’avions pas à rougir de nos échecs, mais qu’ils représentaient au contraire la meilleure voie vers le succès, à condition d’en tirer les bons enseignements.
Prenant à témoin quelques « losers » célèbres comme Rafael NADAL, Charles de GAULLE ou Steve JOBS, il s’est évertué en retraçant leurs glorieux parcours, à expliquer comment chacun d’entre eux est devenu plus lucide et combatif après un échec. Cette présentation brillante, malicieuse et finalement porteuse d’espoir a été illustrée par un juste dosage de citations de W. CHURCHILL, N. MANDELA ou T. EDISON. Pas de meilleur indicateur de l’intérêt porté par les participants que le nombre de questions qui ont ensuite spontanément fusé, appelant des réponses et des échanges qui ont donné, l’espace d’un instant à l’ensemble de l’auditoire, le doux sentiment d’être (encore) un peu plus intelligent et déterminé qu’avant.
Si à 50 ans tu n’as pas connu l’échec, tu as raté ta vie
Après ces sommets de la pensée, l’intervenant suivant, Philippe LENTSCHENER, Publicitaire au CV bien rempli, a ramené l’auditoire vers une forme de culture plus percutante : celle de la gagne. Selon lui, pour ne pas connaître l’échec, il faut avant tout détester perdre. Si l’on part au combat en imaginant perdre, alors pas la peine d’y aller, et chaque manager ne doit s’entourer que des meilleurs, et ne réussira qu’en les amenant à se surpasser ! Un temps troublée par cette rhétorique guerrière contrastant avec la première intervention, la salle s’est progressivement emparée de cet autre chemin vers le succès promis par Philippe LENTSCHENER au travers d’échanges argumentés.
C’est bien la diversité des interventions qui fait toute la richesse et la rareté d’un moment comme les Rencontres Hivernales. Chaque participant peut alors se nourrir, s’enrichir et débattre avec ses pairs à la lumière de contributions différentes, voire contradictoires.
Savoir se remobiliser après chaque match
A la suite d’un déjeuner sous forme de buffet convivial, la journée a suivi cette logique consistant à slalomer entre les styles sans jamais perdre de vue la ligne d’arrivée. Après avoir fait chauffer leurs neurones, les participants des Rencontres Hivernales ont été invités à mettre leurs muscles à contribution grâce à Francky DENIS, Boxeur et coach sportif. Sport terriblement exigeant, nécessitant une préparation longue et contraignante, le noble art peut à chaque seconde vous transporter vers la lumière ou bien vous faire sombrer dans le crépuscule pour un seul coup fatal. En dédramatisant l’enjeu avec humour et bienveillance, Francky DENIS a transformé l’espace d’un instant les Hivernautes acceptant de relever le gant, en Rocky Balboa des cimes. Pendant cet exercice tonique sur fond de bonne humeur, chacun a pu ressentir à quel point l’engagement, la concentration et le surpassement étaient la meilleure voie vers le succès. Aucun blessé n’a été à déplorer après cet exercice revigorant.
On ne pouvait rêver d’une meilleure mise en bouche avant de rejoindre une véritable légende du sport français : Fabien GALTHIÉ, entraineur du Top 14, qui fut Capitaine de l’équipe de France de Rugby à une époque glorieuse qui nous semble aujourd’hui si lointaine. En retraçant son parcours, depuis ses débuts à Colomiers jusqu’à la finale de la coupe du monde 1999, Fabien GALTHIÉ explique combien il est compliqué de repartir, de se remobiliser après chaque match, qu’il soit perdu ou gagné. La victoire n’étant pas forcément plus facile à digérer que la défaite. Un point commun avec tous les professionnels de l’événementiel suspendus à ses lèvres, qui doivent retrouver motivation et concentration pour préparer la session suivante dès la fermeture de chaque manifestation.
Avec beaucoup d’humour, de sagesse et une modestie non feinte, il a fait partager à la salle les moments les plus croustillants de l’ère des calendriers aguichants et des premiers maillots roses du Stade Français, ainsi que l’intensité de la préparation de la demi-finale historique de coupe du monde qui a vu les coqs français faire trébucher les All Blacks emmenés par Jonah LOMU, alors qu’ils étaient unanimement donnés perdants. Les joueurs de l’équipe de France d’alors avaient pris leur destin en main en réorganisant complètement leur jeu, mais surtout en faisant preuve d’une grande solidarité, dans la préparation comme en plein match. Une épopée pleine d’enseignements pour les Hivernautes aux regards brillants, et dont l’enchantement s’est poursuivi jusqu’à tard dans la nuit autour de spécialités savoyardes.
Les grandes découvertes scientifiques sont souvent le résultat de nombreux échecs et déconvenues
Le lendemain, après avoir profité des diverses activités offertes par la montagne, la fin d’après-midi a réservé aux participants le privilège d’écouter le professeur René FRYDMAN, l’homme qui a permis la naissance du premier « bébé éprouvette » français. Pour les scientifiques, se tromper est aussi utile que d’y voir juste, puisqu’au bout du compte, ils apprennent quelque chose. L’échec ou le succès est souvent le résultat d’un investissement humain important qui peut parfois décourager ou emballer les équipes. René FRYDMAN a connu les deux situations puisque la découverte de la technique du « bébé éprouvette » n’est que le résultat de nombreux échecs et déconvenues. Il a pu expliquer sa méthode pour remotiver ses équipes suite à un échec ou à temporiser les enthousiasmes en cas de succès. Une intervention passionnante et éclairante qui clôturait idéalement l’édition 2019 des Rencontres Hivernales.
Ce rendez-vous annuel, initié et porté par Frédéric PITROU, Secrétaire Général d’UNIMEV, connait un succès qui ne se dément pas. Volontairement limité à 100 inscrits, pour préserver la qualité des échanges, les Rencontres Hivernales se renouvellent chaque année et attirent de nouveaux participants tout en conservant les fondamentaux qui font leur succès : thématiques solides, intervenants de haut niveau, environnement coupant radicalement avec le cadre professionnel habituel, et surtout une convivialité sans égale entre Hivernautes. Pour démentir la thématique 2019, les Rencontres Hivernales sont un succès qui ne doit rien à l’échec.
Rendez-vous à Val d’Isère du 24 au 25 janvier pour l’édition 2020