« Avec Unimev, nous continuerons d’accompagner les entreprises françaises sur la voie de la certi-fication ISO 20121 via un club dédié ».
Pauline Teyssedre, Présidente de la commission de normalisation ISO 20121 et directrice de la Stratégie chez Galis
Vous présidez la commission de normalisation de la norme ISO 20121. Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste cette norme ?
Créée en 2012 à l’occasion des Jeux olympiques de Londres, l’ISO 20121 est véritablement la norme dédiée au secteur de l’événementiel. C’est un texte constitué de 10 chapitres et annexes portant aussi bien sur des définitions de concepts, sur les achats responsables, sur la communication interne et externe, sur le leadership, la planification d’une entreprise, etc. Un cadre guidant les entreprises qui souhaitent se certifier. Cette norme permet également de définir une politique de développement durable parlant à toutes les parties prenantes, et de définir un plan d’action en définissant soi-même ses objectifs tout en s’appuyant sur un indicateur de performance.
Pourquoi cette norme ISO 20121 a fait l’objet d’une révision ?
Les JOP 2024 s’avèrent une parfaite occasion de revoir la norme ISO 20121, sachant que les normes ISO sont généralement revues tous les 10 ans. Depuis 2012, la filière a évolué, donc l’ISO, l’Afnor et Paris 2024 se sont rapprochés d’Unimev (déjà présents dans les discussions en 2012) afin de travailler sur les aspects liés à la technicité de l’événementiel. Nous avons monté une commission française, appelée “commission miroir française”, constituée de profils représentatifs de l’écosystème des events. Il y a eu une très forte mobilisation de tout le monde afin de montrer les efforts faits et déconstruire l’idée d’un secteur très pollueur notamment. Le travail a porté sur les 10 chapitres et annexes de la norme sur lesquels nous avons porté nos commentaires et modifications. Ensuite la commission internationale s’est réunie avec chaque président de délégation par pays qui ont pu défendre leurs recommandations. Il y a eu des votes à la majorité pour que les demandes de modifications soient acceptées. Ce travail de révision a duré 9 mois, et 80 % de nos commentaires ont été acceptés, ce qui est une véritable source de satisfaction.
Quelles sont les avancées et modifications concrètes ?
Concrètement, nous nous sommes centrés sur 4 axes, des objectifs à ne jamais oublier pour que tout le monde soit aligné dans l’évolution de la norme. En premier lieu, nous avons adapté la norme aux principaux standards internationaux des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. Ensuite, nous avons renforcé les exigences RSE en termes d’évaluation de l’impact des événements et d’accompagnement vers l’obtention de résultats concrets. Ainsi, les entreprises ne peuvent plus se maintenir indéfiniment dans une démarche d’obtention de la norme. Elles ont désormais une obligation de résultats à atteindre dans une échéance définie. Le troisième axe de travail a été de clarifier les exigences des processus de certification afin d’éviter des incohérences et des sur-champs d’interprétation. Enfin, le dernier objectif est de la rendre plus compréhensible et accessible à tous, sans avoir un bagage RSE très poussé. Précisions par ailleurs que la norme prend désormais en compte les événements hybrides qui ne figuraient pas dans la version initiale. Nous avons également créé une nouvelle annexe qui traite des droits de l’enfant, et sur la partie achats et réglementation des appels d’offres éthiques, nous avons ajouté le principe d’accorder 3 semaines pour répondre aux appels d’offres, de respecter la règle de 3 agences ou prestataires au maximum à mettre en compétition, ou encore la notion d’indemnités pour les compétiteurs arrivant à la deuxième ou troisième place. Ce sont des préconisations évidemment, et d’un pays à un autre il peut y avoir des process différents. Les donneurs d’ordres commencent à l’entendre, mais cela reste à la marge. Chez Galis par exemple, sur 600 de nos clients seuls une dizaine l’entendent et le font. Pour les agences événementielles, c’est de l’ordre d’un client sur trois, donc le mouvement est là.
Y a -t-il des évolutions de la norme ayant trait plus spécifiquement à l’activité salon ?
Ce qui a changé, et qui peut s’appliquer aux salons, c’est toute la cartographie des profils qui interviennent sur un événement et qui doit désormais prendre en compte tous
types de contrats de travail. Mais ce n’est pas spécifique au secteur des salons. Sur le volet communication, l’attention va être davantage portée sur la responsabilité d’un organisateur qui doit bien communiquer auprès de ses publics, dont les exposants, sur les bonnes pratiques qu’il met en application.
Quelle suite pour votre présidence de la commission ?
Ce titre est attribué pour une durée de 3 ans, je vais donc suivre encore pendant deux ans les différentes actions de promotion de la norme en tant que porte-parole pour la France. Par ailleurs, pour les professionnels français qui sont certifiés ou qui souhaitent le devenir, nous allons les accompagner avec Unimev au travers d’un club dédié qui sera officiellement lancé lors du prochain congrès See You There.
Article publié dans le numéro du Guide de Juin 2024 – Dossier «Calculer & réduire son empreinte carbone sur un salon» deuxième partie propos recueillis par Abigail Elher