Salons : Qui est vraiment à la barre ?

Salons : Qui est vraiment à la barre ?
Dans certains cas, on peut légitimement se poser la question.

Les organisateurs bien sûr à priori, quand ils tiennent fermement la barre, mais parfois les exposants, les fédérations, les lobbys, les parcs et même … les visiteurs !

Guillaume Durand dans sa rubrique matinale sur Radio Classique, annonçait aujourd’hui l’ouverture de la « Nouvelle FIAC » ! Ce serait presque drôle si ce n’était pas dramatique sous certains aspects, s’agissant de la manifestation de son concurrent Art Basel, venu sur ses terres, en en sa maison, prendre sa place. 

Qui est à la barre ?

Le « Mondial de l’automobile » tout juste clos, se retrouve sans les majors d’une profession, donc quasiment sans légitimité. Les exemples ne manquent pas pour illustrer ce propos, mais sans en faire un inventaire à la Prévert, préférons rebondir sur l’actualité, pour illustrer la situation.

Le « Mondial de l’Automobile » s’est donc tenu avec pour base line « Revolution is on ». 

Une vraie révolution, certes, sans AUDI, BMW, CITROËN, HONDA, SKODA, TOYOTA, PORSCHE, JAGUAR, LEXUS et les emblématiques ASTON MARTIN, FERRARI, LAMBORGHINI, pour ne citer que ceux là.  Ces absents se tirent une balle dans le pied en faisant la part belle aux concurrents et aux Chinois. Les exposants sont ici clairement à la manœuvre, nonobstant les efforts du nouvel organisateur, dont les talents sont multiples. 

C’est laisser plus de place aux autres salons automobiles mondiaux où la main de fer dans le gant de velours leur permettra de tirer leur épingle du jeu. Dommage pour notre pays, où, comme je le rappelais dans un précédent billet, rien n’est fait en termes d’aides au niveau national, pour la promotion des salons et des destinations d’accueil, et la compréhension de l’économie globale qu’ils représentent. Ici donc, à la barre, les exposants qui font un choix dont les conséquences, à l’instar de l’iceberg, ne sont pas que celles qui sont visibles.

La « FIAC », quand à elle, a été victime de la stratégie bien comprise du loueur des lieux, la RMN, qui la remplace, sans trop d’état d’âme, par « Art Basel, Paris +».

REED (RX), après avoir créé un salon, l’avoir porté financièrement et lui avoir donné une audience mondiale, le loueur des lieux ne lui renouvelle pas le bail pour y installer un concurrent étranger.

Chez les loueurs tels que VIPARIS, les organisateurs sont protégés de leur investissement par la règle du « Droit du grand-père », c’est-à-dire une règle qui protège les créateurs et organisateurs de salons et leur investissement en leur assurant une pérennité de dates et de lieu. 

De manière induite de protéger leurs clients, ceux qui investissent chez eux, ceux qui lui font confiance. Ici donc, à la barre, clairement le parc.

Le « Festival du Son » a, dans ses évolutions des années 70 jusqu’à aujourd’hui, une histoire intéressante. 

En effet, dans les années 90 à 92, le salon a été porté par les évolutions technologiques. Notamment la création et le lancement du CD par SONY et PHILIPS. 

Dans ces années, où la fréquentation au Palais des Congrès oscillait entre 30 et 40.000 visiteurs sur 5 jours, aucun constructeur ou distributeur n’était absent dans tout le segment audio, vidéo, hifi ou home cinéma. 

A cette époque il était n° 1 Européen de son segment.  Mais dans les années 2000, sous la houlette de SONY, deux fédérations professionnelles avaient décidé de faire couler le salon pour privilégier des stratégies marketing orientées sur leurs principaux distributeurs : DARTY, FNAC etc. Ces derniers étant les vitrines permanentes des constructeurs et de leurs nouveautés, le salon devint superflu pour eux. 

Dès lors, il a suffi à l’organisateur de changer de modèle et de transformer plus encore le salon en vitrine de l’exception, du haut de gamme, que justement on ne retrouve pas sur les linéaires des grandes surfaces. Ce fut fait, et le salon est redevenu la vitrine emblématique de la profession et se repositionne en n°2 Européen du segment après Munich. Humour de la situation, le comité de sélection du salon est devenu tellement sélectif, que ceux qui voulaient revenir ne furent pas admis pendant de nombreuses années, leurs produits n’étant pas à la hauteur de la nomenclature. L’arroseur arrosé en quelque sorte. Retour à la normale, chacun ayant bien compris la leçon, je vous invite à visiter la nouvelle mouture au Palais des Congrès l sous le nouveau nom : « Paris Audio Vidéo Show » 

Cette anecdote illustre le renversement de pouvoir opéré par l’organisateur, quand les exposants ont tenté de prendre la barre et que les fédérations ont tenté de faire disparaitre un salon dont elle n’avait pas le contrôle. La reprise en main par l’organisateur s’est faite par un repositionnement sur le marché concerné. Mais elle illustre aussi un nouveau concept : Le nouveau propriétaire du salon est aussi le premier vendeur en ligne de produits audio en France.  Les exposants sont donc ses fournisseurs et les visiteurs ses clients … CQFD

Les parcs qui créent leurs propres salons, je n’y reviendrai pas, c’était l’objet de mon précédent billet. Souvent légitimes, ces salons, notamment en région, font le boulot indispensable aux économies locales et c’est une bonne chose quand aucun organisateur n’est force de proposition sur son territoire.

Que les parcs ou les municipalités tiennent la barre de leurs salons, une évidence. Parfois ils font mieux que certains organisateurs, parfois non et dans ce cas la sanction se révèle assez vite et ils ne dépassent pas la première édition si les visiteurs ne sont pas au rendez-vous.

Tout ceci doit nous rappeler qu’il n’y a pas de salon sans exposants, encore moins sans visiteurs. Donc on peut dire que le réel pouvoir, in fine, revient aux visiteurs, quel que soit celui qui produit le salon. Les chiffres de fréquentation et plus encore la qualification des visiteurs, ce sont eux qui tiennent la barre et c’est bien ainsi.

Jean-Marie HUBERT

Pour commander les ouvrages de Jean Marie Hubert

  • Ouvrage « Organisez c’est un métier » : Acheter
  • Ouvrage « Exposez avec succès  » : Acheter

 

Vous aimez cet article ? Partagez et commentez !