« Après 15 années de stabilité sur les prix, nous avons subi un surcoût dépassant les 15% en quelques mois » Fabrice Laborde, directeur général de Galis et vice-président d’Unimev.
Quel est l’impact de l’inflation pour votre métier ?
L’impact de l’inflation, des matières, des salaires et dernièrement de l’énergie est une tenaille à trois mâchoires. Lors de la reprise en septembre 2021, il y a eu un premier impact sur le manque de matières surtout les dérivés de bois, type mélaminé ou CP mais également le manque de couleurs et dérivés pétroliers. De fait, nous sommes désormais dans l’obligation de stocker des matières ce que nous ne faisions plus depuis de longues années. Dès octobre 2021 et aujourd’hui encore, ces carences sont suivies par une augmentation des prix des matières avec des bonds de 15%, 20% et 30 % sur les principales matières. De plus, nous sommes également confrontés à une carence en personnel. Le changement de vie des collaborateurs, le désamour pour les métiers de stress où on travaille le soir et le week-end, et la reprise économique extrêmement forte dans notre secteur, a mis notre métier en tension de ressources humaines avec une conséquence importante sur la demande d’augmentation des salaires ou sur la grille d’embauche. Enfin, en dernier, l’augmentation du prix de l’énergie, en pétrole ou en électricité, a un impact incroyable sur nos productions et sur nos clients.
La hausse du prix l’énergie, qu’en est-il sur vos productions et vos clients ?
Sur nos productions, le coût du KW/H ayant été multiplié par 3 à 5 dans certains cas explose les coûts de revient des prestataires et se répercute notamment sur les prix de vente avec des hausses successives de 4% en 2021, 7% en 2022 et on estime à 4,5% l’année prochaine. Après 15 années de stabilité sur les prix, nous avons subi un surcoût en quelques mois dépassant les 15%. C’est compliqué à gérer après tant d’années de stabilité. Beaucoup de contrats de remontage ou de devis signés avant la crise n’avaient pas prévu d’indexation. Si la reprise très dynamique a permis d’absorber les premières hausses car la demande était largement supérieure à nos capacités de livrable, la stabilisation du marché ces derniers mois a révélé une négociation difficile avec nos clients. S’ils sont prêts à faire des efforts, la hausse est en moyenne partagée entre eux et nous. Mais avec un rendement moyen de notre profession inférieur à 5%, on peut imaginer les difficultés à venir. De fait, il a fallu trouver des compromis en réduisant soit les prestations, soit la surface, soit en conservant le stand sur plusieurs montages qui, s’ils s’avèrent moins rentables pour nous, ont un impact intéressant sur la RSE.
Comment la profession se mobilise sur ces sujets ?
La profession se mobilise de façon micro et macro. D’une part, nous devons faire face à la politique anti-camions de la maire de Paris qui veut nous empêcher d’entrer dans les parcs d’exposition qui augmentent les contraintes et les coûts. D’autre part, nous discutons lors de réunions de travail inter-filière sur la tension en ressources humaines, les coûts des matières et les risques de rupture de production. La question qui se pose est comment améliorer les conditions de travail, la mécanisation ou l’automatisation de certaines tâches pénibles pour se concentrer sur nos cœurs de métiers. Ce sont des enjeux de filières et même au-delà, importants. Ils préoccupent l’État avec qui nous travaillons en vue de nos besoins pour les JO Paris 2024, en termes de recrutement, de forum de l’emploi, de formation spécifique et d’investissement. À ce sujet, le Leads* vient d’ailleurs de renforcer son programme de formation des collaborateurs au sein de la « leads académie ».
*Association des professionnels du stand et du design événementiel
Article publié dans le numéro du Guide de Janvier 2023 – Troisième partie du dossier « Inflation, une énième crise à surmonter pour le secteur ». Propos recueillis par Abigail Elher et Charlie Bronte.