Comme tous les quatre ans, UNIMEV se dote d’une nouvelle gouvernance. Ainsi, le 19 octobre 2023, le Conseil d’administration de l’Union française des métiers de l’événement a élu un nouveau binôme à sa Présidence : Béatrice Cuif-Mathieu et Philippe Pasquet. Ces deux personnalités reconnues affichent des profils complémentaires : Béatrice Cuif-Mathieu, Directrice Générale de DESTINATION NANCY apporte son expertise des sites d’accueil et des territoires. Philippe Pasquet, Directeur Général de GL events Exhibitions apporte son expérience dans l’organisation de grands salons et de l’international. A l’issue d’une période tourmentée liée à la crise sanitaire, suivie heureusement par la reprise salutaire de l’activité, les attentes sont fortes pour ce nouveau mandat. Nous avons souhaité donner la parole aux deux co-présidents pour mieux cerner les objectifs et rôles de chacun.
Comment se passe votre prise de mandat, et quels sont les grands axes de votre présidence ?
Philippe Pasquet
Sincèrement, notre prise de mandat est confortable suite au travail effectué par nos prédécesseurs, Renaud Hamaide et Pierre-Louis Roucaries. On oublie vite, mais on a connu un séisme jamais expérimenté dans l’économie de beaucoup de métiers. La crise a été un accélérateur des évolutions qui émergeaient déjà. Elle a permis une clarification de notre rôle en tant que filière. On ne regrettera évidemment pas cette période, mais il faut reconnaitre qu’elle a provoqué une nouvelle impulsion pour les membres d’UNIMEV vers un certain nombre d’actions de base, comme par exemple le besoin de pédagogie vers tous nos publics. En 2020, certains ne donnaient pas très cher de notre peau en tant que filière. Les acteurs et le collectif ont alors fait un formidable boulot pour montrer aux pouvoirs publics et à tous les membres de la profession que le concept de la rencontre a encore de beaux jours devant lui. Le rôle de la filière événementielle en tant que levier direct important pour l’économie, de stimulant de l’innovation, pour les territoires est désormais globalement reconnu. Aujourd’hui, le contexte s’est apaisé, mais reste aussi compliqué par certains aspects. L’actualité fait que les regards sont moins braqués sur nous. Malgré tout, nos métiers et l’environnement économique évoluent. Plus que jamais, il faut faire face.
Béatrice Cuif-Mathieu
Je rejoins l’importance de cette double notion de reconnaissance de notre profession. Une reconnaissance durable par les pouvoirs publics avec la création du Club « Ev’&Terr » pour « Evénements et Territoires » lancé à l’occasion de l’événement SYT UNIMEV à Nancy en 2022, qui fédère les soutiens politiques. C’est une plateforme de réflexion en écho aux politiques régionales et nationales qui organise la rencontre des professionnels avec les élus locaux et parlementaires de manière transpartisane. Puis, une reconnaissance interne de la profession est aussi un objectif au travers du travail des groupements et la désignation de référents régionaux. L’objectif est de continuer cette dynamique pour capitaliser sur la force du travail commun mise en évidence pendant la crise Covid avec les services UNIMEV. Montrer au plus près l’intérêt de l’union, notamment avec les bouquets de services (CLEO, juridique, social, attractivité des compétences…). Continuer à être visibles pour convaincre de nouveaux professionnels de l’événementiel à nous rejoindre.
Comment comptez-vous concrétiser cette volonté de reconnaissance et d’ouverture ?
Philippe Pasquet
Ceci s’articule autour de différents objectifs dont voici les principaux :
En premier, s’attacher à déployer une organisation forte et représentative de l’ensemble des métiers regroupés au sein d’UNIMEV. Les frontières de l’événementiel continuent à bouger. Il faut s’adapter sans cesse. La période Covid nous a rappelé fortement cette nécessité absolue. Le gouvernement dispose maintenant d’interlocuteurs bien identifiés, moins « éparpillés » qu’avant la crise. Pour être entendu, il faut une représentation forte, une voix qui porte largement jusqu’aux secteurs avec lesquels nous partageons beaucoup comme le sport, l’entertainment. Deuxièmement, il faut continuer de valoriser notre filière dans une période désormais moins déstabilisante en mettant en lumière l’apport de nos métiers à l’économie, à l’animation des territoires. Nous devrons sans cesse « remettre l’ouvrage sur le métier » car l’environnement et nos interlocuteurs évoluent. Troisièmement, il faut répondre à l’élévation des attentes, avec des éléments nouveaux à renforcer : l’accompagnement de la profession sur le parcours client, l’expérience, la RSE… UNIMEV porte des ambitions fortes d’accompagnement de ses membres pour les aider à répondre présent à toutes les échéances. Quatrièmement, nous devons travailler l’attractivité de nos métiers, en développant la montée en compétence des salariés du secteur, mais aussi en créant une dynamique pour attirer les nouveaux talents dont nous auront besoin dans les années à venir. Enfin, il est primordial de développer l’attractivité de la place France à l’international. Valoriser le savoir-faire dans le cadre d’une concurrence internationale forte.
Béatrice Cuif-Mathieu
Pour compléter les propos de Philippe, j’insisterais sur la nécessité de rassembler la famille événementielle en travaillant étroitement avec les autres organisations professionnelles (Coésio, France Congrès Evénements & tourisme, La Clé, Traiteurs de France, L’événement, Synpase) comme nous l’avons fait avec notre stand collectif sur HEAVENT 2023, ainsi que Créalians et les 7 associations régionales. Il est primordial de travailler à une promotion commune, en faisant preuve d’unité, mais aussi en travaillant à un élargissement de notre secteur d’influence, en développant un solide réseau « allié ». L’innovation est aussi un des enjeux majeurs de notre mandat. Nous devons continuer à soutenir fortement les acteurs de la filière vers leur transition numérique, leur permettre de s’emparer des nouveaux outils comme l’intelligence artificielle, ce qui n’est pas le plus mince des défis.
Que peut attendre le secteur événementiel des jO de Paris 2024 ?
Béatrice Cuif-Mathieu
Le secteur devra capitaliser sur l’héritage des Jeux olympiques, notamment sur la mise en lumière des métiers de l’événementiel, de l’émergence de potentiels talents révélés à cette occasion pour nos entreprises. On pourra travailler sur de nouveaux profils à partir de viviers différents. Dans cette course à l’attractivité, on pourra souligner l’importance de la marque employeur. Il ne faudra se priver d’aucun moyen pour que les nouveaux talents bifurquent durablement vers notre filière : Job datings, Innovatoire, nuits de l’orientation… Il faut tout de même souligner que nous n’avons pas attendu cette échéance des jeux olympiques pour cultiver notre attractivité : 94% des jeunes ont une bonne image de l’événementiel, avec des métiers qui sont perçus comme diversifiés et porteurs d’avenir. Nous n’aurions pas ces chiffres sans le travail engagé autour de la diversité de nos métiers et sans l’ensemble des actions menées : partenariats avec les écoles, développement de l’alternance avec l’OPCO ATLAS, plateforme de dépôt d’offres d’emploi sur le site UNIMEV.
Philippe Pasquet
Les jeux olympiques, s’ils se déroulent aussi bien que la Coupe du Monde de Rugby devront contribuer à cette attractivité et mettre en lumière l’appétence retrouvée pour les événements publics que l’on sait organiser en France. De nombreuses entreprises du secteur sont impliquées directement ou indirectement autour de ce moment fort, sans doute sans équivalent pour de nombreuses années à se tenir en France. En effet, ce qui nous intéresse, c’est l’héritage. Au-delà du oneshot, il faut que les jeux génèrent un héritage utile pour nos métiers, pour le pays, l’ensemble de ses territoires et bien sûr pour tous les Français. Ce sera aussi, comme l’a souligné Béatrice, l’occasion de recruter à l’issue des jeux.
Quelles sont l’organisation et la répartition des rôles pour mettre en place ce projet ?
Philippe Pasquet
Avec Béatrice, nous avons des parcours différents, mais nous sommes tous les deux des anticipateurs et de nature « carrée ». La stratégie générale et l’animation seront des responsabilités partagées. Les différents chantiers sont naturellement répartis en fonction de nos compétences, de nos expériences respectives et de nos appétences. Je serai davantage impliqué sur l’aspect salon et sur l’international. Béatrice mettra toute sa connaissance des territoires et de leurs représentants au service de la filière. Sur la gouvernance proprement dite, le bureau d’UNIMEV réunit une douzaine de personnalités représentant les différents groupements. Signe de la reconnaissance du travail accompli et de l’importance d’une continuité revendiquée, les anciens co-présidents occupent des viceprésidences. Nous sommes avant tout des élus, et nous devons à ce titre être en phase avec l’actualité de nos métiers. Pour cela, nous pouvons compter sur le travail à nos côtés de l’équipe permanente, à la fois pour alimenter notre réflexion en collectant toute l’actualité, les tendances et nouveautés, puis en mettant efficacement en oeuvre les décisions prises.
Béatrice Cuif-Mathieu
En effet, Philipe et moi sommes très complémentaires. J’ai le sentiment qu’avec la mise en place de notre binôme, UNIMEV marche bien sûr ses deux pieds ! Notre démarche consiste en une implication tant au niveau régional que national avec un rôle affirmé de défense de tous les adhérents dans les territoires. Pour cela, nous nous appuieront sur les référents régionaux pour aller vers une meilleure représentativité. Avec eux, nous auront à coeur de valoriser la contribution des événements hexagonaux qui sont des acteurs essentiels et sont les reflets de la vitalité économique des territoires. Beaucoup d’organisateurs d’événements utilisent déjà les calculateurs CLEO Performance et bientôt CLEO Carbone. Les diffusions des données fournies par ces outils doivent contribuer à valoriser notre filière, de rendre visibles et lisibles ses apports concrets à l’économie mais aussi à l’environnement. Avec CLEO Carbone, c’est comment on poursuit les efforts pour faire vivre l’événementiel responsable. Capacité à présenter des données précises pour évaluer le poids de notre filière, sa contribution au développement économique et sa responsabilité environnementale. Plus généralement, la mesure et la mise en avant de la performance de nos événements permet de montrer à partir de sujets collectifs comme l’innovation, l’environnement, la RSE, que la filière s’adapte aux nouveaux enjeux.
Propos recueillis par Gazette des Salons – Parution dans le Guide de Janvier 2024